Brandt : 750 travailleurs à la rue, les actionnaires doivent payer !17/12/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/12/une_2994-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Brandt : 750 travailleurs à la rue, les actionnaires doivent payer !

Jeudi 11 décembre, l’annonce de la liquidation judiciaire du groupe électroménager Brandt a été un véritable coup de massue pour les 700 travailleurs des sites de production de Saint-Jean-de-la-Ruelle près d’Orléans, de Vendôme et ceux employés dans les sites commerciaux et administratifs de la région parisienne.

Le choc a été d’autant plus brutal que beaucoup de travailleurs voulaient croire dans le projet de Scop, même si celui-ci ne prévoyait le maintien que de 295 emplois sur les deux sites de production. Au nom de la défense du « made in France », cette idée de coopérative était défendue par les syndicats de l’entreprise et soutenue par des fonds publics de la région Centre-Val-de Loire, de la métropole orléanaise et de l’État.

Sébastien Martin, ministre de l’Industrie, a envoyé un tweet déclarant « une profonde tristesse », en ajoutant : « On accompagnera les salariés pour faire en sorte que ce plan social soit bien construit ». Dans une colère feinte, le maire d’Orléans a répété qu’il avait manqué de temps pour convaincre les banquiers d’apporter les 4 millions manquant pour empêcher Brandt de disparaître au profit « des produits chinois ». Les responsables politiques, locaux ou nationaux, font ainsi preuve de la même hypocrisie ! Les banquiers, tout comme les actionnaires qui se sont succédé à la tête de Brandt, ne décident qu’en fonction des profits qu’ils espèrent engranger, se lavant les mains du sort des travailleurs qu’ils ont jetés à la rue.

En une trentaine d’années, 2 000 emplois ont disparu sur le site de St Jean-de-la- Ruelle. Les travailleuses et les travailleurs ont vu défiler bien des repreneurs : cela va des Français Thermor et Moulinex au groupe italien ElFI, en passant par l’Israélien Elco et l’Espagnol Fagor, jusqu’au dernier propriétaire en date, le groupe algérien Cevital. En 1982, l’entreprise avait même été reprise par Thomson, une société nationalisée qui avait supprimé près de 900 emplois, ce qui lui avait permis de voir ses bénéfices s’envoler ! Que le groupe soit français ou étranger, privé ou nationalisé, la loi du profit n’a jamais cessé de s’imposer avec ses exigences de rentabilité. À chaque rachat, les bénéfices étaient prélevés par les actionnaires, et c’était aux salariés qu’il était demandé d’éponger les pertes, en acceptant les licenciements, les salaires au rabais et la précarité.

Pour les dirigeants successifs et les actionnaires, cela n’a jamais été la crise. Non seulement ils ont eu les mains libres pour licencier, mais ils n’ont cessé de bénéficier d’aides de la part de l’État et des collectivités locales. Ainsi en 2008, l’État a versé sans aucune condition, 31 millions d’euros lors de la reprise du groupe par Fagor, et en 2014, il a versé 47,5 millions au groupe Cevital qui lui a succédé.

Alors, se battre avec l’objectif de défendre « un fleuron français de l’électro-ménager » ou « nos industries » serait choisir une voie conduisant les travailleurs dans une impasse. Les patrons voudraient que les travailleurs croient « à leurs difficultés » alors qu’ils n’ont aucune voix au chapitre et ne peuvent même pas accéder aux comptes de l’entreprise.

Le 15 décembre, la préfète du Loiret a réuni 200 travailleurs du site en leur promettant de travailler sur un projet de reconversion. En sortant de cette réunion, un travailleur a déclaré à la presse : « Nous on a besoin de manger maintenant ». Il s’agit bien en effet de défendre le droit à l’existence des travailleurs, et c’est à cela que doivent servir les profits accumulés par les anciens actionnaires !

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