- Accueil
- Lutte ouvrière n°2986
- Budget 2026 : la santé sacrifiée
Leur société
Budget 2026 : la santé sacrifiée
Contre les malades, Lecornu entend visiblement faire plus fort que Bayrou. L’un des prétextes invoqués par son gouvernement est que le projet de budget de la Sécu pour 2026 doit compenser le « coût » de la suspension de la réforme des retraites, soit 400 millions.

En réalité, suspension ou pas, il s’agit d’économiser le plus possible sur le budget de la Sécurité sociale pour que, tout en réduisant le déficit de l’État, celui-ci puisse continuer à financer les dépenses en faveur du patronat ainsi que l’augmentation des budgets militaires.
Le texte gouvernemental prévoit ainsi de limiter la hausse des dépenses d’assurance maladie à 1,6 %, alors qu’elles progressent naturellement chaque année d’environ 4 %, poussées notamment par le vieillissement de la population. Selon les organisations des établissements de santé publics et privés, cela reviendra à « la pire cure d’économies sur l’hôpital depuis 2010 ». Alors que le sous-effectif est déjà catastrophique dans bien des établissements, ces organisations estiment qu’avec le budget prévu, il leur manquera 1,1 milliard d’euros, soit l’équivalent de 20 000 postes d’infirmiers.
Le budget de Lecornu prévoit aussi de réaliser sept milliards d’économies sur la santé des malades en puisant dans leurs poches. Cela comprend des mesures déjà annoncées, comme la hausse des franchises médicales, du reste à charge pour les patients sur les consultations, les médicaments et les dispositifs médicaux (pansements, béquilles, orthèses, etc.) délivrés en pharmacie, ou encore la limitation de la durée d’un premier arrêt maladie.
Mais, parmi les potions amères qu’il veut faire avaler à la population, Lecornu apporte sa touche personnelle, comme l’application d’une franchise lors des soins chez le dentiste. Il est aussi question d’une taxation supplémentaire des complémentaires santé, de cotisations patronales sur les tickets repas et œuvres des CSE, ou encore d’une surcotisation sur les dépassements d’honoraires des médecins ; autant de mesures que les médecins, les patrons et les complémentaires se chargeront de répercuter sur les patients et les salariés.
Parmi les nouveautés, il y a des mesures contre les patients, en « affection de longue durée » (ALD), comme ceux souffrant d’un cancer ou en rémission après celui-ci. Il est aussi question de faire payer un impôt sur le revenu sur leurs indemnités journalières en cas d’arrêt de travail, ce qui rapporterait au budget 800 millions, autant que les malades toucheront en moins. En ALD, ceux-ci seraient dorénavant redevables des franchises médicales, la facture pouvant atteindre maintenant 350 euros par an, non pris en compte par les complémentaires. Toujours pour ces malades, les médicaments à faible service médical rendu ne seraient plus intégralement pris en charge, et la même logique serait appliquée aux cures thermales.
Pour faire passer une telle offensive contre les malades et le système de santé, le gouvernement compte sur les « oppositions », à l’extrême droite comme à gauche, et leur sens des responsabilités… vis-à-vis de la bourgeoisie qui ne veut plus d’instabilité gouvernementale.