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Dans les entreprises
Caterpillar : une grève face au bulldozer patronal
À l’annonce des miettes proposées par la direction lors des prétendues négociations salariales annuelles, une grève a éclaté, le 24 novembre, dans l’usine de la multinationale Caterpillar, à Échirolles, en banlieue de Grenoble.
Caterpillar fait partie du club très fermé des « Dividend Aristocrats » regroupant les 69 entreprises américaines qui augmentent chaque année – et ce depuis 25 années – les dividendes versés à leurs actionnaires.
La multiplication des guerres et la course aux minerais font que le carnet de commandes du leader mondial d’engins de chantier, de terrassement et autres bulldozers se remplit. La bulle de l’intelligence artificielle fait aussi les affaires de l’industriel, qui fabrique des groupes électrogènes de secours pour les centres de données. Les résultats financiers du troisième trimestre sont même meilleurs que ne l’avaient anticipé les professionnels de la Bourse.
Le groupe aurait donc largement de quoi payer des salaires décents, mais il ne le fait évidemment pas. Avec l’intensification de la guerre commerciale, Caterpillar entend bien tout faire pour rester numéro un et donc continuer à choyer toujours plus ses actionnaires. Pour y parvenir, il durcit l’exploitation.
Cela s’est illustré lors des négociations salariales sur les sites de Grenoble et d’Échirolles. Globalement, sur neuf mois, chacun des 112 000 salariés que compte la multinationale à travers la planète lui a rapporté 20 000 dollars de bénéfice. La direction de Caterpillar France n’en a pas moins proposé une augmentation mensuelle de moins de 20 euros pour un ouvrier au smic – et ils sont nombreux dans ce cas.
Cette goutte de mépris patronal de trop s’ajoutait aux cadences toujours plus dures, au manque d’effectifs, à la vétusté des bâtiments et aux samedis collectifs imposés à la dernière minute à cause d’une production toujours plus chaotique. Lundi 24 au matin, les monteurs de l’atelier SFL ont donc décidé de poser les outils. Dans les autres ateliers, bien des travailleurs étaient contents de voir des ouvriers relever la tête et, au fil des jours, quelques-uns les ont rejoint. On a compté jusqu’à 80 grévistes, sur 800 ouvriers dans l’usine, et la grève a duré jusqu’au vendredi.
Les monteurs du principal sous-traitant du site ont, eux, été rapidement mis en congés, sans qu’ils aient leur mot à dire sur ce hold-up. Pour celui- ci, Daher, la production étant à l’arrêt, il était hors de question que les ouvriers soient payés à ne rien faire, cela est réservé aux capitalistes.
La direction de Caterpillar a finalement annoncé quelques euros supplémentaires… financés en supprimant, à partir de 2027, la prime de ceux qui viennent à vélo ! Elle s’est aussi attaquée à une partie des congés de fin d’année et a imposé de nouveaux samedis obligatoires en décembre. Elle cherche ainsi à prendre sa revanche face à ceux qui ont osé lui tenir tête. Mais, si les grévistes n’ont pas gagné sur les augmentations, ils ont en tous cas affiché leur dignité.