- Accueil
- Lutte ouvrière n°2942
- CGT : quelle politique face aux licenciements ?
Dans les entreprises
CGT : quelle politique face aux licenciements ?
Le 12 décembre, la CGT avait appelé à une journée de mobilisation pour protester contre les licenciements. Les travailleurs, militants ou non du syndicat, qui ont eu à cœur d’y participer, ont eu mille fois raison de le faire. Mais quels objectifs la confédération fixe-t- elle pour résister à ces attaques ?
Il faut un « plan national de maintien et de relocalisation des outils et emplois industriels » ou encore la mise en place « d’assises de l’industrie pour définir une grande loi de réindustrialisation du pays », voilà deux des « mesures d’urgence » évoquées par la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet pour qui cette journée devait être l’occasion « d’interpeller les pouvoirs publics ». Mais avancer de tels objectifs est proposer une meilleure gestion du capitalisme que celle des patrons eux-mêmes, comme si, dans cette société basée sur l’exploitation, leurs intérêts et ceux des ouvriers pouvaient se trouver des objectifs communs. C’est faux, et c’est bien ce que disait le mouvement ouvrier, et en particulier la CGT, à ses débuts. Il est vrai que le syndicat était alors animé par des militants qui s’affirmaient révolutionnaires.
La CGT rend les délocalisations responsables des licenciements en dénonçant le choix du patronat d’aller produire ailleurs pour augmenter ses profits. Mais quelle solution propose-t- elle ? Elle fixe à ses militants l’objectif d’élaborer des projets industriels nationaux, afin de relocaliser productions et emplois, ce dont il faudrait convaincre le patronat, ou à défaut l’État. Mais le seul projet qui guide le patronat est de remplir ses coffres-forts. Et si pour y parvenir, la fermeture d’une usine ou l’abandon d’une production se révèlent être le moyen le plus efficace et le plus rapide, c’est cette voie qu’il choisit.
Dans la même veine, on trouve l’idée de mettre en place « des assises de l’industrie pour établir une loi de réindustrialisation ». Mais qui pourraient- elles donc réunir ? Pour les convaincre de faire autrement, faudra-t- il que des syndicalistes s’assoient aux côtés de grands patrons ennemis des travailleurs, qui spéculent plutôt que d’investir dans la production car cela leur rapporte davantage ? Le résultat est connu d’avance.
Les travailleurs doivent avoir une politique pour sauver leur peau, et elle ne peut être que d’obliger les patrons à prendre sur leurs profits pour maintenir les emplois et augmenter les salaires, en luttant tous ensemble pour modifier le rapport de force à l’échelle du pays.