Chantiers de Saint-Nazaire : le porte-avions n’est pas un cadeau24/12/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/12/une_2995-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chantiers de Saint-Nazaire : le porte-avions n’est pas un cadeau

L’annonce de la commande du nouveau porte-avions qui sera fabriqué à Saint-Nazaire coïncide avec une autre, celle de la fermeture des Urgences de l’hôpital de la ville, faute de personnel pour accueillir les patients. Cela résume d’une certaine façon la politique du gouvernement.

Alors que du côté des travailleurs la vie est toujours plus dure, des milliards sont dilapidés en subventions pour le patronat et en projets guerriers. Le chantier naval tourne depuis plusieurs années à plein régime. Les commandes de bateaux de croisière se succèdent. Un paquebot trois mâts de luxe est actuellement en phase de finition. L’alliance LVHM-Accor, qui l’a commandé, a touché une trentaine de millions d’euros de subvention au nom de la « transition écologique », sous prétexte que c’est un bateau à voiles. Pour les prochaines années le carnet de commandes est plein à craquer, le chiffre d’affaires, de plusieurs milliards, est en progression constante.

Pour les travailleurs, l’envers de la médaille de ces commandes n’est pas reluisant. Le patron a annoncé 1 % d’augmentation pour les salariés embauchés par les Chantiers et prévoit de donner encore moins en 2027 et 2028. Des milliers de travailleurs sous-traitants travaillent 9 à 11 heures par jour et parfois six jours par semaine, dans des conditions lamentables et pour beaucoup avec des salaires de misère.

Quand on est un nouvel arrivant dans la ville, il faut aussi passer à la caisse des marchands de sommeil et se partager des appartements insalubres et hors de prix. Il est impossible également de trouver un médecin traitant et il faut poser des jours de congé quand on est malade.

Sur le site des chantiers navals, la direction fait régner une ambiance de caserne. Récemment, un travailleur ukrainien a perdu une jambe après avoir été écrasé par un engin de manutention dans un virage dangereux, sans marquage au sol et bien trop étroit pour permettre le passage d’engins en toute sécurité.

Pour bien faire comprendre à tout le monde que « s’il y a des accidents, c’est votre faute », la direction n’a rien trouvé de mieux que d’embaucher des dizaines de vigiles postés aux passages piétons, pour relever les numéros de matricule des travailleurs qui ne prendraient pas les allées réservées. Que ces allées piétonnes soient situées à des endroits aberrants, qu’elles s’arrêtent net sur un pylône ou traversent des flaques géantes, peu importe à ses yeux.

Les convocations pour entretiens disciplinaires s’enchaînent et les attitudes dédaigneuses de la part des petits chefs sont maintenant monnaie courante dans les secteurs où les traditions de résistance collectives ont disparu.

Les travailleurs des chantiers n’ont pas à se réjouir de la commande d’un engin de mort de 78 000 tonnes, car les quelque 10 milliards qu’il va coûter seront pris sur des budgets qui devraient être consacrés aux retraites, à la santé, l’éducation, aux logements et aux salaires !

Le drapeau tricolore, le patriotisme, sont servis jusqu’à l’écœurement dans les médias alors que des travailleurs du monde entier sont réunis aux Chantiers. Certains sont d’ailleurs déjà les victimes des sales guerres que mène la France dans le monde. Demain, d’autres seront sur cette liste. Enfin, les enfants de tous ces travailleurs serviront peut-être de chair à canon pour les prochains conflits.

Dans ce monde de pillards on peut aussi être sûr que ce porte-avions, après avoir engraissé les marchands de canons, les Dassault, les Thales et l’escadrille de vautours qui volent autour, servira les intérêts des capitalistes en France et dans le monde.

Partager