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Cisjordanie : guerre et épuration ethnique
Des soldats israéliens ont été filmés, jeudi 27 novembre, tuant deux Palestiniens à bout portant alors qu’ils venaient de se rendre. Cette exécution sommaire s’est déroulée dans un des quartiers de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée.
L’armée et la police aux frontières israéliennes menaient une opération militaire de grande ampleur. Dans la vidéo, largement diffusée sur les réseaux sociaux et dans les médias du monde entier, on voit clairement que les deux Palestiniens étaient désarmés et allongés sur le sol quand ils ont été tués. Les autorités israéliennes ne pouvaient faire autrement que d’annoncer l’ouverture d’une enquête mais il est très peu probable que les trois soldats mis en cause soient poursuivis. Remis en liberté très rapidement, ils ont reçu le soutien du ministre d’extrême droite de la Sécurité nationale et responsable de la police, Itamar Ben-Gvir, qui a déclaré sur X : « Les combattants ont agi exactement comme on attendait d’eux : les terroristes doivent mourir ! »
Les soldats israéliens savent parfaitement qu’ils bénéficient d’une impunité quasi totale quand ils brutalisent ou assassinent des Palestiniens. En se basant sur les statistiques de la période 2018 à 2022, l’organisation israélienne de défense des droits des Palestiniens Yesh Din (« il y a la loi ») avait calculé que la probabilité qu’un soldat israélien soit poursuivi pour avoir tué des Palestiniens était de seulement 0,4 %. C’est encore pire depuis le déclenchement de la guerre à Gaza, après le 7 octobre 2023.
En Cisjordanie, l’armée israélienne se livre là aussi à une véritable guerre. Les opérations militaires se sont succédé, « Camps d’été » lancée fin août 2024, suivie de « Mur de fer » commencée le 21 janvier, quelques jours après l’annonce d’un cessez-le-feu temporaire à Gaza. Mobilisant des troupes au sol, des chars, des drones, des avions et des hélicoptères de combat, elles ont visé les camps de réfugiés palestiniens du nord de la Cisjordanie, situés à Jénine, Tulkarem et Nour Chams, avec pour objectif, comme à Gaza, de détruire les habitations et de faire fuir la population. Plus de 32 000 Palestiniens ont ainsi été expulsés, leurs logements détruits par les bulldozers, avec interdiction de revenir, même pour venir chercher des affaires abandonnées dans la précipitation.
Ces trois camps avaient été créés au début des années 1950 par l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, pour accueillir ceux qui avaient été forcés de fuir après la création d’Israël en 1948. Reprenant les mêmes méthodes qu’il y a 80 ans, le gouvernement israélien se livre aujourd’hui à une véritable épuration ethnique en Cisjordanie.
L’armée israélienne vient appuyer l’action des colons juifs qui se sentent encouragés à agresser les Palestiniens, se livrant à toutes sortes de violences et d’exactions pour les contraindre à abandonner leurs terres. Un organisme de l’ONU a recensé 264 attaques de colons israéliens pour le seul mois d’octobre, soit huit par jour, un record en près de deux décennies de collecte de données dans ce territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. Au total, plus d’un millier de Palestiniens, parmi lesquels beaucoup de civils, ont été tués par des soldats ou des colons israéliens depuis le 7 octobre 2023.
Trump a déclaré être opposé à l’annexion de la Cisjordanie, mais en soutenant Netanyahou et ses ministres d’extrême droite, il les encourage à poursuivre leur politique d’expulsion des Palestiniens et de colonisation qui prépare de nouvelles annexions de territoires. Pour les Palestiniens et pour tous les peuples de la région, israélien compris, cela ne peut signifier que la poursuite d’une guerre sans fin et sans issue.