CMA CGM : charité bien ordonnée17/12/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/12/une_2994-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Leur société

CMA CGM : charité bien ordonnée

Rodolphe Saadé, multimilliardaire propriétaire et dirigeant de la CMA CGM, troisième armateur mondial, pose au patron social.

Mardi 16 décembre, il accueillait Macron à Marseille, devant 250 lecteurs de La Provence, le quotidien du groupe, pour évoquer les questions sociales et même « sociétales ». Le raout se donnait dans les locaux d’un entrepôt solidaire financé par la CMA CGM, abritant des associations qui offrent des repas aux Marseillais dans le besoin. L’entrepôt aurait coûté six millions d’euros à l’armateur qui, par ailleurs, a également fourni des conteneurs et des fournitures à l’épicerie solidaire des étudiants marseillais. Dans le même temps, l’entreprise accordait une prime équivalant à trois semaines de salaire et une augmentation de 1,3 % à, dit-elle, l’ensemble de « ses » salariés. Devant un tel afflux de bontés patronales, d’accolades présidentielles et d’articles de presse élogieux, on peut tout de même rappeler quelques chiffres.

L’augmentation de salaire en question est moindre que la hausse des prix. Le cumul des primes accordées au personnel, qu’on peut estimer à dix millions d’euros, représente une infime partie du bénéfice de l’entreprise, 1,7 milliard d’euros cette année, entièrement à la disposition de Saadé. Qui plus est, cette générosité ne concerne que 3 900 salariés sur les 160 000 travailleurs que l’armateur exploite de par le monde. De la même façon, les aides de la CMA CGM aux associations charitables sont une goutte d’eau comparées à l’océan d’argent public perçu grâce aux multiples aides, cadeaux, dégrèvements et lois particulières inventés par les gouvernements au fil des années. Le seul fait de calculer l’impôt de l’armateur selon la taxe au tonnage, et non selon le droit commun de l’impôt sur les sociétés, entraîne pour les finances publiques une perte de plusieurs centaines de millions, voire de plusieurs milliards d’euros certaines années.

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