Colonisation : des Oradour-sur-Glane par centaines05/03/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/03/une_2953-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Colonisation : des Oradour-sur-Glane par centaines

Le journaliste Jean-Michel Apathie est attaqué par la droite et l’extrême droite pour avoir déclaré sur les ondes de RTL le 25 février : « Chaque année, en France, on commémore ce qui s’est passé à Oradour-sur-Glane, c’est-à-dire le massacre de tout un village. Mais on en a fait des centaines, nous, en Algérie. Est-ce qu’on en a conscience ? »

L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) a été saisie pour une éventuelle sanction contre le chroniqueur.

Jean-Michel Apathie était engagé dans un échange avec Florence Portelli, vice-présidente Les Républicains de la région Île-de-France, sur les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie. Il a choisi de ne pas se mettre au garde-à-vous face aux délires anti-algériens du gouvernement. Surtout, il a énoncé des vérités rarement rappelées dans les grands médias et qui lui valent d’être dénoncé par Éric Ciotti comme étant « un influenceur algérien ».

Le massacre par une division SS de 642 hommes, femmes et enfants à Oradour-sur-Glane, fusillés ou brûlés vifs dans une église en juin 1944, est une monstruosité. Le propos d’Apathie n’était pas d’en diminuer l’horreur. Mais, il est avéré que l’armée française a commis en Algérie au milieu du 19e siècle des massacres par des procédés dont les seuls noms, enfumades ou emmurades, disent la bestialité. Le général Bugeaud fut un des initiateurs du moyen d’extermination consistant à asphyxier ou à faire mourir de faim des populations réfugiées dans des grottes. Le général de Saint-Arnaud s’en vantait dans une lettre à son frère en 1845. Évoquant le sort de 500 Algériens, il écrivait : « Je fais boucher hermétiquement toutes les issues et je fais un vaste cimetière. »

Des milliers d’Algériens furent condamnés à ce supplice, auxquels il faut ajouter les dizaines de milliers d’autres tués lors des razzias de villages, condamnés à la famine par la destruction des récoltes. C’est ainsi que l’Algérie fut soumise à la domination coloniale. Quand la population se souleva, ce furent à nouveau des massacres, ceux de Sétif en mai 1945, puis ceux de la guerre d’Algérie de 1954 à 1962. Les représailles collectives et la torture redevinrent le quotidien de l’action de l’armée française.

Ces massacres commis par l’armée française ont été perpétrés du Maghreb à l’Afrique subsaharienne, de Madagascar à l’Indochine depuis la conquête coloniale jusqu’aux indépendances, et ils sont innombrables. Oui, ce furent des Oradour par centaines.

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