Le combat des Chagossiens09/10/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/10/une_2932-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Le combat des Chagossiens

Entre 1965 et 1973, 2 000 Chagossiens avaient été contraints de quitter leurs îles et de s’exiler à Maurice et aux Seychelles. Comme l’ont dit certains, « nous n’avions pas les yeux bleus. »

En effet, ils étaient les descendants d’esclaves africains puis d’engagés indiens amenés aux Chagos par les colons français et anglais depuis l’Île de France (devenue Maurice) au milieu du 18e siècle pour cultiver et récolter le coprah.

Tous les moyens étaient bons pour les contraindre au départ. Plus aucun employé n’eut de travail, il y eut l’arrêt des importations de vivres et de soins médicaux, l’interdiction à ceux qui se trouvaient à l’extérieur de rentrer chez eux. Les méthodes d’intimidation par les commissaires britanniques allèrent jusqu’à la réquisition des animaux domestiques qui furent gazés devant les villageois. Les 2 000 Chagossiens déportés et leur descendance ont été réduits au chômage et exposés au racisme dans la misère des bidonvilles de Maurice, certains finissant par partir en Angleterre ou à La Réunion.

Le Premier ministre mauricien Pravind Jugnauth s’est réjoui de la rétrocession : « Une des ultimes pages de l’histoire coloniale britannique... s’est tournée » ; « aujourd’hui, 56 ans après notre indépendance, notre décolonisation est complétée. Aujourd’hui notre hymne national peut résonner encore plus fort sur tout notre territoire. »

Mais cet accord est loin de rendre justice aux spoliés et déplacés. Car si la Grande-Bretagne s’est engagée à verser quelques subsides à l’État mauricien, nul doute que les Chagossiens n’en verront que peu ou pas du tout la couleur. Certains parmi eux dénoncent à juste titre le fait que cet accord s’est noué en dehors des principaux intéressés, qu’il leur interdit explicitement l’accès à la plus grande île, Diego Garcia, pour encore un siècle et ne mentionne pas les réparations qu’ils réclament pour les torts subis. Autant dire que le combat mené par les Chagossiens pour leurs droits n’a pas pris fin le 3 octobre.

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