- Accueil
- Lutte ouvrière n°2987
- D’une COP à l’autre : trente années de bavardage
Dans le monde
D’une COP à l’autre : trente années de bavardage
La COP 30, trentième édition de la Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques, se tiendra à Belém, au Brésil à partir du 10 novembre. Ce sera un événement médiatique mondial sans doute, mais dont plus grand monde n’attend quoi que ce soit. Pourtant la planète brûle.

L’an dernier, sur la base des prévisions d’émissions de carbone données par chaque État, la Conférence avait estimé que le réchauffement climatique atteindrait 2,8°C en 2100. Mais cette année, seuls 64 pays ont donné leurs prévisions, empêchant tout calcul fiable. Ce réchauffement menace l’avenir de bien des peuples, mais le combattre est passé de mode : les gouvernements, qui ferment les frontières, augmentent les budgets militaires, organisent le repli protectionniste, ne font même plus semblant d’avoir des préoccupations écologiques.
Pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, comme les participants s’y étaient engagés en 2015 lors de l’Accord de Paris, il aurait fallu que les rejets carbonés mondiaux baissent de 60 % entre 2019 et 2035. On est loin du compte. Selon un rapport de l’Organisation météorologique mondiale daté du 15 octobre, la concentration moyenne des gaz responsables du réchauffement a même atteint des niveaux record en 2024, enregistrant la plus forte hausse depuis le début des mesures modernes, en 1957. Et ce n’est pas fini. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) avait pourtant averti que, à partir de 2021, il ne resterait plus de place pour de nouveaux projets d’extraction fossile si on voulait limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Depuis 2021 il y en a eu 2 300 de plus ! Comme un symbole, le 20 octobre, trois semaines avant l’ouverture de la Conférence à Belém, la compagnie publique brésilienne Petrobras a reçu l’autorisation de forer un puits d’exploration pétrolière à 500 kilomètres de l’embouchure de l’Amazone. Si cette exploration tient ses promesses, le Brésil deviendra le 4e producteur mondial, après les États-Unis, l’Arabie saoudite et la Russie, une manne des plus opportunes pour un pays pauvre mais qui profitera pour l’essentiel aux trusts qui se partageront les 30 milliards de barils que contiendrait l’ensemble de la zone.
De son côté, au Mozambique, TotalEnergies vient d’annoncer la reprise de son gigantesque projet à 20 milliards de dollars d’investissement, gelé en 2021 après une attaque terroriste ayant fait 1 200 victimes. Total n’attend plus que l’autorisation du gouvernement local, qui, on n’en doute pas, se mettra en quatre pour accéder à ses désirs. Ce projet, qui a bousculé bien des populations autochtones et attiré tant de convoitises, va émettre entre 3,3 et 4,5 milliards de tonnes d’équivalent CO2 selon Les Amis de la Terre, soit davantage que les émissions annuelles de l’Union européenne. Dans le sillage de Total, ExxonMobil et l’italien Eni ont déjà fait savoir au gouvernement du Mozambique qu’ils étaient prêts chacun à lancer des projets similaires.
Cette course aux investissements est celle de l’ensemble d’une économie capitaliste droguée au pétrole. Derrière les compagnies, les banques, malgré leurs discours, continuent d’investir dans le secteur, et les banques françaises sont au premier rang. Ainsi la Société Générale a fourni 23 milliards de dollars de crédits à 56 entreprises dont TotalEnergies, Eni, et Saudi Aramco, le groupe Banque Populaire Caisse d’Épargne 18 milliards de dollars à 33 entreprises…
Alors que la lutte contre le réchauffement climatique nécessiterait de toute urgence un plan d’ensemble, planétaire, pour répartir les ressources, développer les énergies les moins polluantes le plus rationnellement possible, les trusts se battent pour mettre la main sur toutes les ressources afin de produire tant que cela rapporte. Pas étonnant que les COP ne laissent derrière elles que des discours jamais suivis de faits. Ce cirque diplomatique masque une réalité implacable : le capitalisme fait brûler la planète.