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- Lutte ouvrière n°2986
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Leur société
Égalité salariale : une directive de plus
Suite à une directive européenne, l’État mettrait en place, à partir de juin 2026, des mesures pour « améliorer la transparence en matière de rémunération afin de réduire les inégalités salariales entre les hommes et les femmes ».
Les salaires des femmes sont inférieurs de 22 % à ceux des hommes, et, à temps de travail égal, elles touchent 14 % de moins. Mais le dispositif annoncé, qui ne s’appliquera qu’aux entreprises de plus de 50 salariés, ne changera pas grand-chose pour les travailleuses concernées. Par exemple, les patrons ne seront même pas obligés d’indiquer la rémunération proposée dans les offres d’emploi et avant le premier entretien, mais seulement de donner une fourchette de rémunération. Après l’embauche, ils devront fournir au salarié des informations sur sa rémunération individuelle sans que celui-ci ait le droit de demander à connaître le salaire de ses collègues. Difficile dans ces conditions de mettre en lumière des inégalités salariales !
Les entreprises devront aussi envoyer régulièrement un rapport afin que l’État vérifie que l’écart de salaires entre les hommes et les femmes pour un même poste ne dépasse pas les 5 %. Cela ne représente pas une grande menace pour les patrons puisque, d’après l’Insee, cet écart est actuellement de 4 % en moyenne. Quant aux sanctions financières prévues, elles sont plus que floues : leur « montant pourra être fixé en pourcentage de la masse salariale ou de manière forfaitaire selon la gravité du manquement », sans plus de précision !
Cette directive, comme les nombreuses lois votées depuis ces cinquante dernières années, ne veut pas s’attaquer au pouvoir absolu qu’ont les patrons de décider du montant des salaires et qui mettent les salariés en concurrence pour les payer moins. Pour mettre en échec cette politique de division, il y a une solution simple qui consiste à parler de son salaire entre travailleurs d’un même atelier, d’une même entreprise, en se montrant les fiches de paye et en s’organisant pour demander des comptes au patron. Cette méthode avait cours dans le mouvement ouvrier à l’époque où celui-ci n’attendait rien des lois et comptait sur la lutte de classe pour faire progresser la condition ouvrière.