Enseignement supérieur privé : un business qui rapporte12/03/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/03/une_2954-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Enseignement supérieur privé : un business qui rapporte

Dans un ouvrage intitulé Le Cube, paru le 5 mars, la journaliste Claire Marchal dénonce les pratiques du groupe Galileo Global Education, leader de l’enseignement supérieur privé à but lucratif.

Galileo se vante de former plus de 200 000 étudiants, dont la moitié en France où il détient des écoles de commerce, de théâtre, d’art, d’architecture, etc. Alors que les formations coûtent entre 6 000 et 10 000 euros par an, la journaliste décrit des locaux surchargés, des suppressions d’heures de cours et des formations au rabais, parfois réduites à quelques mois. Beaucoup d’enseignants se voient imposer un statut d’autoentrepreneur ou de consultant et sont soumis à l’arbitraire de leur direction pour le nombre d’heures de travail et le salaire. Par exemple, l’ELM Lyon Business School compte seulement 172 enseignants en CDI, et 700 en contrats courts et précaires !

Pour attirer les étudiants, Galileo les pousse à souscrire un crédit et vante des diplômes permettant de trouver facilement un emploi ; en réalité, beaucoup d’écoles ne délivrent que des certifications maison. Bien des étudiants se retrouvent donc, à la sortie de l’école, sans emploi ni diplôme, mais avec une dette à rembourser.

Galileo n’est pas une exception dans le secteur de l’enseignement supérieur privé dit « lucratif », pour le distinguer du secteur associatif, et qui est en plein développement. La saturation de l’enseignement public et la peur du chômage ouvrent en effet un marché très rentable. Galileo a été vendu 2,3 milliards d’euros en 2019 à son propriétaire actuel, une holding ayant à son capital l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada, le fonds britannique Montagu Private Equity, Téthys Invest, le fonds d’investissement de la famille Bettencourt Meyers (propriétaire de L’Oréal)… et la banque publique d’investissement Bpifrance.

Suite à la parution du livre, la ministre de l’Education Elisabeth Borne a fait mine de découvrir la situation, pourtant dénoncée depuis longtemps par les étudiants et les syndicats. Elle a annoncé une inspection interministérielle « pour une plus grande transparence du fonctionnement des établissements d’enseignement supérieur privés à but lucratif ». Elle n’envisage apparemment pas de s’adresser à ses ex-collègues ministres Muriel Pénicaud, membre du conseil d’administration de Galileo, et Martin Hirsch, son ex-vice président. Preuve qu’entre les capitalistes qui font du business dans l’éducation et le personnel politique, c’est l’accord parfait, et que Borne n’a pas eu besoin du cours Florent – célèbre école de théâtre propriété de Galileo – pour être une bonne actrice !

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