États-Unis : puces et dresseurs de puces17/12/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/12/une_2994-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : puces et dresseurs de puces

Lundi 8 décembre, Donald Trump a autorisé la vente de puces Nvidia américaines en Chine, changeant pour la énième fois de politique en la matière.

Nvidia brevette, fabrique et commercialise 90 % des puces indispensables pour l’intelligence artificielle. Portée par le boom de ce secteur, l’entreprise vaut désormais 4 500 milliards de dollars en Bourse. Pour éviter que cette énorme bulle financière ne se dégonfle ou, pire encore, qu’elle n’éclate, Nvidia doit étendre son marché. Or il n’y a pas de marché plus prometteur que l’immense Chine, son développement technologique rapide, son économie dirigée et ses paiements garantis par un État féroce.

Mais vendre en Chine des puces dernier modèle revient à favoriser l’émergence de concurrents redoutables pour les entreprises américaines. C’est aussi, selon les opposants démocrates de Trump, permettre à la Chine de s’armer efficacement et, partant, affaiblir les États-Unis dans la confrontation qui s’annonce.

Le dirigeant de Nvidia ne s’embarrasse pas de telles considérations, même si son entreprise est par ailleurs engagée dans le financement de l’intelligence artificielle américaine. Il lui faut vendre ses marchandises tout de suite, y compris la corde pour se pendre. En revanche, L’État américain et ses présidents se doivent, en théorie, d’être responsables pour l’ensemble de la classe capitaliste. Ainsi, en 2022, le président Biden avait interdit l’exportation de puces Nvidia dernier cri en Chine, forçant l’entreprise à en fabriquer de moins puissantes, exclusivement pour ce marché. Trump a commencé dans la même voie et il a confirmé l’interdiction en avril 2025, puis l’a levée en l’assortissant d’un impôt spécial. À ce stade, l’État chinois en avait interdit l’importation pour favoriser la recherche et la production locales, montrant des hésitations et des contradictions tout comme son homologue américain, mais démontrant aussi qu’il pouvait résister à la pression.

Finalement, l’entreprise chinoise de puces Moore Threads a été lancée vendredi 5 décembre à la Bourse de Shanghai, levant immédiatement un milliard de dollars, dans la perspective de concurrencer Nvidia. Puis le président Xi a autorisé un certain nombre d’entreprises chinoises à acheter les puces Nvidia qui leur sont aujourd’hui nécessaires. Enfin, le 8 décembre, Trump a confirmé la levée de l’embargo, suite, dit-il, à une discussion avec Xi. Le président américain a toutefois spécifié que cela ne concerne pas les puces de dernière génération et qu’il compte bien collecter un gros impôt sur ces transactions. La suite au prochain épisode...

L’intelligence artificielle, ou prétendue telle, loin d’être un remède à la stupidité naturelle du capitalisme, en est un nouveau carburant.

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