- Accueil
- Lutte ouvrière n°2953
- États-Unis : les travailleurs, premiers menacés par Trump
Dans le monde
États-Unis : les travailleurs, premiers menacés par Trump
Le festival de déclarations menaçantes de Trump à l’égard des concurrents du capitalisme américain continue.
En l’espace de quelques jours, du 28 février au 3 mars, le président américain a mis en œuvre les taxes de 25 % sur les importations en provenance du Canada et du Mexique repoussées il y un mois, augmenté celles sur les importations chinoises de 10 à 20 %, déclaré la guerre commerciale à une Union européenne « créée pour entuber l’Amérique », promis des impôts écrasants sur les bateaux en provenance de Chine ou fabriqués en Chine abordant les ports américains, ce qui concernerait une énorme partie du commerce mondial, etc.
Ces discours sont bien sûr pour partie destinés au marché intérieur, c’est-à-dire à la base électorale de Trump. Il ne peut d’ailleurs offrir autre chose que des phrases tonitruantes à ceux des travailleurs américains qui ont voté pour lui en croyant être ainsi protégés de la hausse des prix, des bas salaires et des difficultés de la vie quand on est pauvre dans le pays le plus riche du monde.
Élever des barrières douanières pour contraindre les industriels qui veulent vendre en Amérique à fabriquer sur place est irréaliste, selon nombre de représentants du grand patronat américain. Le marché et la production sont en effet mondialisés et on ne peut revenir sur la division mondiale du travail sans difficultés aiguës et sans conséquences catastrophiques.
L’industrie automobile américaine par exemple utilise des pièces et des produits semi-finis qui passent plusieurs frontières avant l’assemblage final. Il faudrait les taxer à chaque passage ? De même, comment Trump espère-t-il ne voir aborder que des navires américains dans les ports américains alors que, aujourd’hui, ces bateaux n’existent pas, ni les chantiers pour les produire ni même l’acier pour fabriquer les coques ?
Toutefois, avec Trump et ses injures, l’État américain poursuit et approfondit la politique menée depuis le début de la guerre en Ukraine et visant à tailler des croupières à la concurrence européenne. Les États-Unis, devenus le premier producteur de pétrole et de gaz, imposent ainsi leurs prix aux industriels européens qu’ils fournissent, quitte à les mettre en difficulté. En même temps ils attirent chez eux les capitaux en quête de rentabilité et, désormais, ils se préparent à mettre des bâtons tarifaires dans les roues de certains capitalistes européens.
C’est particulièrement visible dans le cas de l’acier européen, notamment celui d’ArcelorMittal, que Trump a promis de taxer à 25 % à partir du 12 mars. ArcelorMittal, qui par ailleurs investit aux États-Unis et supprime des emplois en Europe, demande aide et protection à l’Union européenne, c’est-à-dire encore plus de subventions. L’inverse est également vrai : LVMH, dont le propriétaire et dirigeant Bernard Arnault était invité à l’investiture de Trump, bénéficie d’exemption de taxes pour exporter en Amérique et n’est en rien menacé. Mais ni les cris de Mittal ni les sourires d’Arnault ne protègent en quoi que ce soit les travailleurs de l’acier et ceux du luxe. Ils seront pressurés ou jetés à la rue suivant des décisions sur lesquelles ils n’ont pas de prise.
La guerre commerciale orchestrée par Trump est d’abord une guerre contre les travailleurs, directement aux États- Unis, indirectement dans le reste du monde. Mais, étant à la fois un palliatif et un accélérateur de la crise économique, elle peut déboucher sur une réelle guerre entre capitalistes, déchirant le tissu économique mondial, dressant des barrières douanières infranchissables, imposant de tout produire à l’intérieur des frontières nationales. Cela ne pourrait se faire qu’au prix de la surexploitation de la classe ouvrière à l’intérieur de chaque pays et de la préparation rapide de la guerre à l’extérieur. Ce fut la politique des puissances impérialistes, étouffées par la crise des années 1930 et qui ont fini par résoudre leurs conflits par la force des armes.