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- Lutte ouvrière n°2954
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Editorial
Pas un euro de plus pour l’armée ! Pas un homme pour la guerre !
Faisant comme si Poutine allait envahir l’Europe, Macron veut mettre l’Union européenne sur le pied de guerre et doubler le budget militaire français en cinq ans. Mais les chars russes et les Cosaques se préparent-ils à entrer dans Berlin ou Paris ? Non ! Cette propagande ne tient pas debout.
Poutine n’en a ni les moyens ni l’objectif. Si Poutine a envahi l’Ukraine, en février 2022, ce n’était pas pour partir à la conquête de l’Europe mais pour stopper l’avancée de l’Otan, qui marchait de plus en plus sur ses plates- bandes en intégrant dans son giron les pays Baltes et nombre d’anciens pays du bloc de l’Est. Au bout de trois ans de guerre et au prix de centaines de milliers de morts, l’armée russe n’a même pas réussi à prendre Kiev !
D’après Macron, il faudrait défendre les valeurs démocratiques et le peuple ukrainien trahis par Trump et son gouvernement. Mais les dirigeants européens sont aussi cyniques que leurs compères américains, même s’ils sont moins puissants.
Qu’est-ce que la France et les autres puissances européennes ont fait en Afrique ou au Moyen-Orient ? Elles ont pillé les ressources naturelles, se sont réparti des zones d’influence en traçant des frontières au milieu des peuples. Elles ont soutenu les dictateurs qui leur étaient utiles, avant de les lâcher du jour au lendemain, comme Saddam Hussein ou Kadhafi.
Aujourd’hui, les dirigeants impérialistes veulent tous participer aux pourparlers de cessez-le-feu en Ukraine parce qu’ils lorgnent, tous, ses fameuses terres rares, ses vastes terres agricoles et les milliards du marché de la reconstruction.
En jouant sur nos sentiments et nos peurs, Macron cherche à redorer son blason comme chef de guerre et à nous mettre en condition. Parce que oui, lui, il prépare la guerre ! Et son but est de nous embrigader et de nous forcer à de nouveaux sacrifices.
Aujourd’hui, il veut nous mobiliser contre Poutine. Mais la guerre commerciale entre l’Amérique de Trump et l’Europe fait rage, aussi. Comment ce bras de fer va-t-il tourner ? Qui sait comment vont finir les visées de Trump sur le Groenland, qui est sous autorité danoise et donc européenne ?
Au milieu de ces bruits de bottes, il faut plus que jamais réfléchir à nos intérêts en tant que travailleurs. Qui sont nos ennemis ? Qui attaque nos conditions d’existence ?
Certains travailleurs dorment dans leur voiture, quand ce n’est pas sous les ponts. Et si beaucoup redoutent de ne plus avoir de toit, ce n’est pas par peur des bombes russes ! C’est parce qu’ils ont du mal à payer le loyer ou le crédit. C’est parce qu’ils ont peur d’être licenciés.
Nous sommes attaqués au quotidien dans ce qui nous est vital : notre emploi, notre salaire, nos conditions de travail, notre droit à la retraite, l’accès à la santé, à l’éducation pour nos enfants. Ces attaques ne viennent pas de l’extérieur. Elles viennent du grand patronat et du gouvernement à son service. Alors non, Macron n’est pas notre protecteur ! Les intérêts des capitalistes français ne sont pas les nôtres, et leur guerre économique n’est pas la nôtre !
Du RN au PCF et à LFI, tous les partis approuvent le passage à l’économie de guerre. La gauche a abandonné toute référence à la lutte de classe et se réclame, comme la droite, du général de Gaulle et de son souverainisme. Comme Macron, ils nous font déjà serrer les rangs derrière les généraux dévoués aux banquiers et aux industriels au nom de la défense de la patrie !
Mais, dans cette patrie, il y a des exploités et des exploiteurs. Il y a des capitalistes milliardaires qui s’obstinent à faire de nous tous des smicards et à détruire le peu de services sociaux qui existent encore. Dans cette patrie, il y a une guerre cachée : la guerre que le grand patronat mène pour ses profits contre le monde du travail et toute la société.
Si nous ne nous défendons pas contre le grand patronat et ses laquais politiques, pire, si nous faisons l’unité nationale derrière eux, nous nous condamnons à être de la chair à exploiter d’abord et de la chair à canon ensuite.
Il n’y a pas d’argent pour les écoles, les hôpitaux publics ou les transports, mais il y aurait des milliards pour les marchands de mort ? Déjà, et avant d’être officiellement en guerre, les marchands d’armes voient leurs profits exploser. Dès l’annonce de Macron, les actions de Thales et de Dassault se sont envolées. Et le gouvernement vante la rentabilité de l’investissement dans l’industrie de guerre. Il ne faut pas marcher ! Il faut revendiquer la réquisition de tous les profits des marchands d’armes et le contrôle des travailleurs sur les comptes des entreprises de guerre ! Il faut dénoncer notre propre gouvernement comme principal fauteur de guerre !
Nathalie Arthaud