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Dans le monde
Brésil : 100 000 manifestants contre l'austérité !
Jeudi 26 août, près de 100 000 personnes venues des quatre coins du Brésil se sont retrouvées sur l'esplanade des ministères de Brasilia pour protester contre la politique d'austérité du gouvernement, formant la plus grande manifestation depuis l'arrivée au pouvoir du président Cardoso, à la fin de 1994. Quelque 5 000 agriculteurs venus aussi de tout le pays campaient déjà depuis plus d'une semaine en plein centre de la capitale, pour revendiquer l'annulation de 40 % de leurs dettes envers les banques publiques.
Le gouvernement fait cependant des satisfaits... du côté des dirigeants du FMI, qui sont prêts à lui décerner un bon point et déclarent que " la performance de l'économie brésilienne a été significativement meilleure qu'attendu lors de l'approbation du programme de stabilisation de mars 1999 ". Cela n'a pas suffi pour autant à calmer la spéculation contre le real, la monnaie brésilienne, qui a perdu 40 % de sa valeur depuis janvier dernier, car la bourgeoisie brésilienne continue de s'en débarrasser pour acheter des dollars. Ironie de l'histoire. Quant à celui qui est censé contenir cette attaque, Arminio Fraga, qui occupe depuis février le poste de gouverneur de la banque centrale du Brésil, il fut lui-même le gérant d'un fonds d'investissement appartenant au financier George Soros qui, en mars, a gagné 5 millions de dollars en achetant des titres de la dette brésilienne, qui étaient en baisse, et en les revendant une semaine plus tard.
En revanche, la population pauvre a dramatiquement fait les frais de cette crise au nom de laquelle des sacrifices supplémentaires lui ont été imposés. L'affaiblissement continu du real a entraîné une augmentation des prix de la nourriture, des produits de première nécessité et des carburants. Dans un pays de 160 millions d'habitants dont plus de la moitié se situent au-dessous du seuil de pauvreté, le chômage atteint 20 % dans les grandes villes. Ford, General Motors et Volkswagen, par exemple, ont procédé à des licenciements massifs. C'est dire combien la misère, déjà omniprésente dans ce pays, dont l'économie se place pourtant au huitième rang mondial, s'est encore accentuée et suscite un mécontentement grandissant parmi les travailleurs comme en témoignait, entre autres, fin juillet un mouvement de grève des chauffeurs routiers. Le gouvernement, de peur de voir le pays paralysé, avait alors satisfait la plupart de leurs revendications.
Aujourd'hui, il campe sur ses positions et tente de jouer la fermeté, mais sa fragilité ne fait guère de doute ni aux yeux des vautours de la finance internationale qui se sont livrés à une nouvelle attaque spéculative, ni à ceux des dirigeants des partis de gauche et des syndicats, instigateurs de la manifestation. En effet certains partis d'opposition mènent une campagne en faveur de la destitution de Cardoso. Ils ont ainsi fait signer par 1, 3 million de personnes une pétition, remise au président de la Chambre fédérale des députés, demandant la création d'une commission parlementaire. Il s'agirait d'enquêter sur l'implication d'un ancien ministre et de plusieurs hauts fonctionnaires, avec l'aval de Cardoso, dans des malversations autour de la privatisation, il y a un an, de la compagnie téléphonique nationale Telebras.
Cependant, les partis de gauche qui réclament le départ de Cardoso guignent surtout sa place. Pour l'immense majorité de la population, l'urgence serait aujourd'hui d'empêcher la bourgeoisie du pays, comme les trusts internationaux, de profiter de la crise financière pour accroître encore leurs richesses à ses dépens. Mais pour cela elle ne pourra compter que sur sa mobilisation.