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Leur société
Grande distribution : après le bras de fer, la hausse des prix
Les marchandages entre les enseignes de la grande distribution, les industriels et producteurs agricoles se sont terminés le 28 février à minuit.

Comme à chaque fois, ceux qui se sont affrontés redeviennent vite des partenaires pour présenter la note aux consommateurs.
Cette période de négociations commerciales est présentée comme une foire d’empoigne et c’est le cas. Moins d’une dizaine de grandes chaînes commerciales font face à des industriels de toute taille, dont une poignée de géants mondiaux. Et évidemment, dans un système où règnent la concurrence et le chacun pour soi, les plus gros emportent la mise.
Les plus petits intervenants, qu’ils soient agriculteurs ou transformateurs, n’ont donc guère d’autre choix que de vendre à des prix sans cesse tirés vers le bas par les négociateurs des centrales d’achat de la grande distribution. Cela en conduit beaucoup à la ruine.
Ainsi, en cinquante ans, le nombre d’agriculteurs et d’éleveurs est passé de 1,5 million d’exploitants à moins de 400 000. Là aussi, les plus riches ont racheté les terres et concentré les capitaux. Les coopératives agricoles, à l’origine créées par les paysans eux-mêmes, sont en grande partie devenues des empires industriels au service des plus gros d’entre eux. Ainsi la marque Yoplait, propriété de l’Union de coopératives agricoles Sodiaal, tout autant que ses principaux concurrents Danone, Nestlé ou Lactalis, écrase les prix de vente des petits producteurs, mais pas les prix payés par les consommateurs. Il en est de même pour la viande, avec d’un côté de grands groupes coopératifs tel que Cooperl et de l’autre un groupe comme Bigard, qui avec ses marques Charal et Socopa occupe à lui seul 30 % des rayons boucherie de la grande distribution.
En face de ces géants de l’industrie s’alignent ceux de la grande distribution opérant avec leurs techniques et leurs moyens propres. Ainsi, Leclerc négocie prix et volumes avec les grandes marques à l’échelle européenne. Et, bien que concurrents, Intermarché, Casino et Auchan ont choisi de s’allier dans une centrale d’achat commune, juste après que Casino eut cédé la majorité de ses 427 hyper et supermarchés à Intermarché et Auchan.
La guerre menée à la vie chère et la défense des intérêts des consommateurs dont se vantent en permanence les Leclerc, Carrefour et autres n’est rien d’autre que du discours publicitaire qui ne peut masquer les marges bénéficiaires des groupes capitalistes concernés et les richesses de leurs propriétaires.