Grèce  : une catastrophe et ses responsables05/03/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/03/une_2953-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce  : une catastrophe et ses responsables

Vendredi 28 février, plusieurs centaines de milliers de personnes ont participé à une journée de grève et de manifestations dans toute la Grèce.

Il s’agissait de commémorer la collision ferroviaire du 28 février 2023 et crier leur colère contre le gouvernement auquel elles reprochent son incurie et la volonté de dissimuler des preuves.

Cette nuit-là, dans la vallée de Tempé à 350 km au nord d’Athènes, un train de passagers percutait un train de marchandises : les deux convois roulaient en sens inverse sur la même voie sans qu’aucun signal d’alarme ait été déclenché. Le bilan était lourd avec 57 morts, et 180 blessés, dont la moitié grièvement, essentiellement des jeunes revenant de congé. Le responsable était tout désigné en la personne du chef de gare qui avait donné le signal du départ alors que la voie n’était pas libre. Mais évidemment les responsabilités se situaient aussi à bien d’autres niveaux et un rapport de l’Agence d’enquête sur ce type d’accident n’a pu que le confirmer.

Au plus fort de la crise en 2010, les gouvernements européens et grecs, au nom des économies à faire sur les services publics, s’en sont pris au réseau ferroviaire, imposant restructuration, fermetures de lignes, licenciements et la mise à la retraite de plus de 2 000 cheminots, entraînant la détérioration croissante des infrastructures. La modernisation de la signalisation, essentielle à la sécurité, qui aurait dû être achevée en 2016 par des entreprises grecque et française (Aktor et Alstom) a traîné pour d’obscurs litiges. Mais, le personnel, lui, « effectuant des tâches essentielles, à des moments critiques travaillait au-delà de la limite humaine, avec deux jours de congé par mois ».

Depuis deux ans, parents, syndicat et partis politiques de l’opposition au Premier ministre de droite Mitsotakis dénoncent les responsables politiques ou ceux des services ferroviaires. Cela concerne OSE, l’Organisme des chemins de fer de Grèce gestionnaire du réseau ferré et Hellenic Train, chargé des passagers et du fret qui a été racheté en 2017 par le groupe des chemins de fer italiens.

La responsable de l’Association des parents dénonce aussi la disparition de preuves : le comblement partiel du lieu de l’accident avant l’enquête, la disparition d’enregistrements audio, de vidéos, jamais arrivés dans les mains du juge d’instruction. Elle ajoute que « dans ce pays, aucun crime d’État n’a jamais été traduit en justice ».

Le Premier ministre Mitsotakis, lui, a dénoncé cette « instrumentalisation de la douleur humaine » ! Cette arrogance ne risque pas de calmer la douleur ni surtout la colère des centaines de milliers de manifestants qui ont su se mobiliser deux ans après la catastrophe et sont bien décidés à continuer à le faire.

Sylvie Maréchal

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