Immigration : Retailleau veut sa loi17/10/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/10/une_2933-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Immigration : Retailleau veut sa loi

Le gouvernement a annoncé une nouvelle loi sur l’immigration pour le début 2025, qui sera portée par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Le contenu concret de cette loi n’est pas encore connu, mais on peut être d’ores et déjà certain qu’elle aggravera encore les conditions d’existence des travailleurs et des familles immigrés.

Le Rassemblement national a fait de la présentation de cette loi sa première condition pour ne pas censurer d’emblée le gouvernement Barnier. Celui-ci s’exécute donc, avec d’autant plus de facilité que c’est précisément pour cela qu’un Bruno Retailleau, qui avait tout fait au Sénat pour durcir la précédente loi, a été nommé ministre de l’Intérieur. Cela n’empêche pas Jordan Bardella de faire la fine bouche en déclarant que le Rassemblement national examinera le texte de loi avant de se prononcer, une manière de mettre la pression pour qu’il soit le plus dur possible.

Dans une interview au quotidien Aujourd’hui en France Bruno Retailleau proclamait modestement le 10 octobre : « je sais ce que veulent les Français. » « Je sais ce que veut le Rassemblement national » aurait été plus indiqué. Ne manquant pas une occasion de lier immigration et insécurité, il profitait de l’émotion causée par le meurtre de la jeune Philippine pour proclamer son intention d’allonger la durée maximum de placement en centre de rétention administrative de 90 jours à 210. Il affirmait son désir de supprimer l’aide médicale d’État (AME) dont bénéficient les sans-papiers et de la remplacer par une aide médicale d’urgence distribuée au compte-gouttes. « La France est l’un des pays les plus généreux sur les soins, c’est un encouragement à la clandestinité », osait-il déclarer. Comme si des migrants qui prennent le risque de mourir gelés dans les montagnes de Turquie ou noyés en mer en quittant l’Afrique étaient attirés par cette aide, dont beaucoup ignorent d’ailleurs l’existence même une fois arrivés en France.

Retailleau annonçait d’autre part que, sans attendre la loi, il envoyait aux préfets des circulaires leur demandant de ne régulariser qu’au compte-gouttes, soulignant ainsi que bien des choses peuvent être faites par de simples mesures administratives pour pourrir la vie de celles et ceux qui demandent des papiers. Tous les immigrés en attente de régularisation le savent bien, eux qui font la queue devant les préfectures dans des conditions indignes, n’arrivent pas à obtenir un rendez-vous ou se voient réclamer toujours les mêmes papiers.

La nouvelle loi sur l’immigration n’arrivera certainement pas à empêcher celles et ceux qui fuient la misère et les guerres de venir en France. Elle pourrira par contre toujours plus la vie de tous ces travailleurs qui, dans la clandestinité, pédalent jour et nuit pour livrer à domicile des repas ou des colis aux clients des plateformes, ou constituent la main-d’œuvre de bien des chantiers comme on l’a vu pour ceux des jeux olympiques. Elle a pour but, outre la main tendue au Rassemblement national, de détourner l’attention des travailleurs des attaques du gouvernement Barnier et du patronat en stigmatisant la fraction immigrée de la classe ouvrière et en divisant celle-ci. Pour les politiciens le racisme est un carburant pour faire avancer leur carrière, pour les travailleurs c’est un ennemi mortel.

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