Italie : Meloni contre les retraites24/12/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/12/P7-3_Manifestation_%C3%A0_Rome_contre_la_loi_Fornero_en_d%C3%A9cembre_2017_C_Cgil.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Meloni contre les retraites

En Italie aussi les derniers jours de l’année sont ceux de la discussion autour du budget 2026. Le volet retraite a déclenché une petite passe d’armes et une minicrise politique.

Illustration - Meloni contre les retraites

Fratelli d’Italia, le parti de Meloni, et La Ligue, celui de son numéro deux au gouvernement, Salvini, avaient fait de la question des retraites un argument électoral. Il faut dire que la loi Fornero – du nom de la ministre du Travail de l’époque – adoptée en 2011, aggravait la situation des travailleurs en reculant l’âge de départ à plus de 67 ans pour les hommes et à 65 ans pour les femmes, ou en supprimant l’indexation des pensions sur l’inflation. Fornero présentait alors cette mesure comme temporaire mais incontournable à cause de la crise de la dette souveraine, qui menaçait l’Italie d’un « scénario à la grecque ».

Le « transitoire » s’est installé dans la durée et l’extrême droite en campagne n’a pas eu de mots assez durs contre « une mesure discriminatoire et mal faite » selon Giorgia Meloni, « immorale et injuste » d’après Salvini. Lors d’un meeting électoral en août 2022, à Salerne, le numéro deux du gouvernement de Meloni donnait ainsi rendez-vous aux électeurs : « Dans un an, si vous avez voté pour nous et que nous ne l’avons pas supprimée, vous pourrez ricaner. »

Depuis, Meloni a endossé son costume de princesse de l’austérité : loin de supprimer la loi Fornero sur les retraites, son projet de budget en fait un mécanisme permanent et revient même sur les quelques éléments mis en place par les gouvernements précédents pour en atténuer les effets les plus durs. Ainsi, une mesure comme l’« opzione donna » permettant aux travailleuses de partir plus tôt, même avec moins d’argent, serait supprimée et la possibilité de racheter des années d’études pour partir plus tôt coûterait encore plus cher. Quant à la « quota 41 » qui permettait de partir avant 67 ans avec 41 annuités, elle augmenterait progressivement, repoussant d’autant l’âge de départ. À partir de 2032, il faudrait désormais 43 ans et neuf mois et le nombre d’annuités augmenterait progressivement tous les deux ans.

Avant d’être voté le 30 décembre, ce volet retraites, commenté par la presse comme une « normalisation des sacrifices » sera peut- être amendé d’ici là. D’autant que La Ligue de Salvini a fait mine de s’en émouvoir, au point de se désolidariser de Giorgetti, ministre de l’Économie et membre de La Ligue. De nouvelles échéances électorales approchant, Salvini tente de jouer l’air du défenseur des travailleurs tout en participant au gouvernement. Un exercice d’équilibrisme que l’extrême droite pratique des deux côtés des Alpes.

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