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- Lutte ouvrière n°2953
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Leur société
Journée du 8 mars : pas d’émancipation des femmes sans émancipation sociale !
C’est sur l’initiative de Clara Zetkin, une socialiste du Parti social-démocrate d’Allemagne, que fut adoptée au cours d’une conférence regroupant une centaine de femmes venues de 17 pays, l’idée d’une « Journée internationale des femmes ».

Pour Clara Zetkin, il s’agissait de contrecarrer l’influence que pouvaient avoir les suffragettes et les féministes bourgeoise sur les ouvrières et les femmes du peuple.
La première « Journée » eut lieu le 19 mars 1911 dans plusieurs pays d’Europe. La date du 8 mars ne fut cependant adoptée qu’en 1917, faisant référence aux manifestations des ouvrières de Petrograd qui exigeaient du pain pour leurs enfants et le retour des maris des tranchées et donnèrent le signal de la révolution russe.
Au fil des années, à mesure que le nombre de pays célébrant la journée des femmes s’élargissait, elle est devenue de moins en moins celle des ouvrières. Certes, dans cette société qui se dit éclairée et égalitaire, les femmes sont toujours victimes de discriminations par rapport aux hommes quelle que soit leur origine sociale, mais pas au même degré. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, à commencer par les revenus : les femmes salariées gagnent en moyenne 22 % de moins que les hommes et leurs pensions de retraite sont inférieures de 40 %, du fait de carrières hachées par l’arrivée d’enfants ou les emplois à temps partiel. Mais ces moyennes qui englobent l’ensemble des salaires cachent une réalité bien plus choquante, car évidemment, les ouvrières, les employées, les aides- soignantes et toutes les petites mains sont les plus mal loties.
De même, l’éducation des enfants et les tâches domestiques reposent en majorité sur les femmes, qui doivent en plus cumuler ces charges de travail avec leur emploi.
Cependant, pour les médias qui parlent des discriminations sexistes à l’occasion de la Journée internationale des femmes, la plus grosse inégalité serait dans le « plafond de verre » qui les bloque dans leur ascension sociale. Alors qu’elles sont plus diplômées que les hommes, elles ne sont que 43 % à avoir un statut de cadre. Quant à diriger une entreprise, si elles forment 42 % des auto-entrepreneurs, seules 12 % d’entre elles sont à la tête de PME, et tous ces journalistes déplorent que les portes du ciel leur soient bloquées parce que seules 2,5 % d’entre elles ont des postes de direction dans les entreprises du CAC 40 !
La Journée internationale des femmes a certes été vidée de son caractère révolutionnaire et prolétarien en devenant un catalogue de toutes les misères, physiques et morales, qui s’abattent sur les femmes dans leur ensemble. Il est bien sûr indispensable de continuer à les dénoncer, mais en sortant de l’aspect bien pensant que les dirigeants bourgeois et réformistes voudraient donner à cette journée. Seul est resté l’internationalisme, qui relie les femmes et les hommes militant pour l’égalité des droits de tous les pays.
La société capitaliste est fondée sur l’inégalité par la domination d’une classe sociale sur l’ensemble de la population, et l’inégalité est dans son ADN. Les mesurettes pour y mettre fin ne sont qu’un cache-misère. C’est contre cette société basée sur l’oppression et l’injustice qu’il faut lutter pour abattre les barrières qu’elle entretient entre les hommes et les femmes. Il n’y aura pas de véritable émancipation sans émancipation sociale, sans abattre cette société de classe.