Lecas Industries – Nersac : méthodes de patron voyou24/12/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/12/une_2995-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Lecas Industries – Nersac : méthodes de patron voyou

Mercredi 17 décembre, les représentants des salariés de la papeterie Lecas Industries, à Nersac en Charente, étaient auditionnés par la police judiciaire de Caen dans le cadre d’une enquête financière sur le groupe normand Hamelin, propriétaire de l’usine.

La papeterie, qui fabriquait notamment les agendas Oxford et L’étudiant, a fermé en février 2025, la production devant être transférée en Roumanie. Les conditions du licenciement des 68 salariés devaient être fixées par un PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) qui prévoyait des indemnités de reclassement, des formations, des aides à la création d’entreprises pendant douze à quinze mois. Ce n’était vraiment pas un cadeau, alors que certains travaillaient dans l’usine depuis trente ans et plus.

Pour le groupe Hamelin, leader du secteur de la papeterie, cela ne représentait pas grand-chose, mais c’était encore trop ! Pour éviter de débourser quoi que ce soit, il a prétendu que sa filiale ne pouvait pas payer et, en juin, le tribunal de commerce a placé l’entreprise en liquidation judiciaire. Suite à la décision du parquet de faire appel, une enquête financière est en cours. Jusqu’au mois de février 2026, date d’un nouveau jugement, les salariés se retrouvent sans aucun revenu ! Ils ne perçoivent plus les indemnités du PSE, que le groupe a cessé de payer, ni les allocations chômage auxquelles ils auraient eu droit si l’entreprise avait été mise en liquidation. Ils ne peuvent pas non plus s’inscrire à France Travail. Les formations ont été arrêtées. En six mois, beaucoup ont épuisé leurs économies, certains ont dû prendre des crédits, emprunter de l’argent à leurs parents ou à leurs enfants.

Le groupe Hamelin est pourtant prospère. Il réalise 600 millions d’euros de chiffre d’affaires, emploie 3 000 salariés dans une vingtaine de pays et vient de racheter l’entreprise allemande Pelikan pour 136 millions d’euros. Pour ne pas payer les deux millions d’euros que coûterait le plan social, il prétend que Lecas Industries était devenue une entité autonome depuis sa transformation en filiale en 2021. Pourtant, son activité dépendait entièrement du groupe Hamelin, son seul gros client, qui lui louait les locaux, fixait les prix, lui faisait payer d’importants dividendes et des frais de gestion élevés car la papeterie n’avait ni service comptable ni service commercial. Les comptes de Lecas Industries, dans le vert avant 2021, étaient passés au rouge deux ans plus tard.

Le groupe Hamelin a choisi de faire payer les licenciements par les AGS, l’organisme qui prend en charge les salaires à la suite d’une faillite. Il a déjà eu recours à ce procédé en 2014 pour sa filiale Elba de La Monnerie, dans le Puy- de-Dôme. Patron voyou et récidiviste !

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