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Dans le monde
Leçon d’impérialisme en direct
Vendredi 28 février, lors d’une conférence de presse organisée dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, devant les caméras de télévision, Trump et son vice-président J.D. Vance ont offert au monde entier le spectacle de leurs réprimandes à Zélensky, corrigé comme un enfant turbulent.
Zélensky ayant demandé des garanties de sécurité pour l’Ukraine contre Moscou, il s’est vu reprocher de ne pas avoir dit merci pour l’aide américaine. Avec la brutalité qui le caractérise, Trump lui a rappelé qu’« il n’avait pas les cartes en main » avant de le renvoyer sans ménagement de la Maison-Blanche.
La discussion devait précéder la signature d’un accord économique permettant aux trusts américains de récupérer toute une partie des bénéfices tirés du sous-sol ukrainien. Zélensky était prêt à le signer, en espérant pouvoir poser tout de même quelques conditions. Il a dû déchanter.
Trump a ainsi traité Zélensky avec le peu d’égards qu’un patron peut réserver à son employé. À l’image d’un Macron qui, il y a un mois, reprochait aux dirigeants africains d’avoir « oublié de dire merci » à la France ou qui, en novembre dernier, qualifiait les responsables d’Haïti de « complètement cons ». Mais le plus souvent tout cela n’est pas filmé et diffusé en direct.
Zélensky a été utile à l’impérialisme occidental quand il s’agissait de mener la guerre pour affaiblir la Russie : faire accepter les centaines de milliers de morts dans la population ukrainienne, et les dépenses militaires dans les pays alliés au nom de la « défense de la démocratie et la liberté ». Aujourd’hui, tout aussi cyniquement, Trump fait le choix de s’entendre avec Poutine, considérant que cela sert mieux les intérêts des capitalistes américains.
Mais que ce soit sous Biden ou avec Trump, le sort de la population ukrainienne n’intervenait pas dans leurs choix.
Franchissant un pas supplémentaire, l’administration américaine a annoncé mardi 4 mars la suspension de l’aide militaire à l’Ukraine. Trump veut faire plier Zelensky à qui il reproche de « jouer avec la troisième guerre mondiale », se présentant comme un artisan de la paix. C’est pour le moins risible. De son côté, il est évident que Zélensky veut démontrer à sa propre opinion publique que s’il finit par céder aux exigences de Trump, ce ne sera pas sans lui avoir résisté.
Mais ceux qui « jouent avec la troisième guerre mondiale » sont d’abord Trump et Cie, à la tête de la première puissance militaire mondiale forte d’un budget de plus de 900 milliards de dollars, dans un système économique fondé sur la concurrence pour se partager les marchés, l’accès aux ressources et les zones d’influence. Ce sont eux qui ont contribué à lancer Russes et Ukrainiens les uns contre les autres, dans une guerre féroce, avant de siffler la fin de la partie en menaçant celui qui hier encore était leur champion de le jeter comme un malpropre.