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- Lutte ouvrière n°2953
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Leur société
L’Insee et les prix : les statistiques ne disent pas tout
L’Insee, les services statistiques de l’État, a calculé que les prix avaient augmenté de 0,8 % entre février 2024 et février 2025. Une augmentation aussi faible serait un record depuis quatre ans.
La baisse de 15 % des prix de l’énergie compenserait les hausses que subissent une partie des produits alimentaires – le café, le chocolat, le jus d’orange, par exemple – les prix de l’immobilier et les tarifs des transports en commun, les péages autoroutiers etc. Le résultat de ce calcul satisfait probablement les ministres et les économistes distingués, mais certainement pas les familles ouvrières qui savent que les moyennes statistiques ne se mangent pas en salade.
La baisse conjoncturelle des prix de l’énergie est bien loin d’annuler leurs augmentations successives et l’argent englouti en carburant et en chauffage depuis trois ans est définitivement perdu. De plus, l’association de consommateurs UFC Que choisir prévoit de nouvelles hausses dans ce secteur pour l’été. Enfin, la prétendue stabilité des prix s’accompagne d’un blocage réel des salaires. Le salaire minimum horaire augmente avec retard et moins vite que les prix, les salaires supérieurs au smic sont bloqués de fait.
Le niveau de vie des salariés à plein temps diminue donc. Cela touche particulièrement les quatre millions de travailleurs précaires. Comment vivent les centaines de milliers de femmes à temps partiel contraint ? Quel est le niveau de vie des travailleurs clandestins qui sont, eux aussi, des centaines de milliers ? Combien gagnent les autoentrepreneurs obligés de faire soixante heures par semaine pour joindre les deux bouts ? Que peuvent espérer les salariés jetés à la rue par fournées entières par de grandes entreprises richissimes ou des artisans en faillite ? Aucun de ceux-là non plus ne se nourrira des heureuses conclusions de l’Insee.
Le recul continu des salaires réels s’accompagne, également selon l’Insee, de l’augmentation continue des profits des grands groupes et des dividendes versés aux familles qui les détiennent, les Arnault, Peugeot, Michelin, Dassault, Bettencourt, Bolloré, Bouygues et quelques autres. C’est donc dans leurs caisses qu’il faudra puiser pour arracher la nécessaire augmentation générale des salaires et leur indexation sur les prix, indispensable en cas de retour de l’inflation.
Le calcul statistique permet de décrire la réalité de bien des façons mais cache toute de même l’essentiel : le niveau des salaires est, en fin de compte, le résultat du rapport de force entre la classe travailleuse et la classe exploiteuse.