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Leur société
Macron à Pékin : en croisade antichinoise
Du 3 au 5 décembre, Macron, accompagné de 35 patrons français, est allé rencontrer les officiels chinois à Pékin puis à Chengdu dans le sud-ouest du pays. Il en a profité pour multiplier les avertissements économiques et protectionnistes à l’encontre de la Chine.
Terres rares, exportations, investissements…, Macron a voulu dénoncer la « loi du plus fort » qui serait celle, uniquement, de la Chine, comme si l’impérialisme français ne savait pas manier la canonnière ! À l’intention de l’opinion occidentale, il a déclaré avoir dit aux dirigeants chinois : « S’ils ne réagissaient pas, nous, Européens, serions contraints, dans les tout prochains mois, de prendre des mesures, comme par exemple des droits de douane sur les produits chinois. » C’est que les industriels français et européens se plaignent d’être les victimes collatérales de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Les États-Unis s’étant fermés aux importations chinoises, ces dernières tenteraient de pénétrer le marché européen devenu « un marché d’ajustement. » Macron le déplore et se plaint que les Chinois « n’importent plus grand- chose de nous. »
Les Européens accusent aussi la Chine de ne pas assez investir en Europe. Ainsi les investissements des capitalistes français en Chine seraient trois fois supérieurs à ceux des capitalistes chinois en France. Macron demande donc à ceux-ci de venir dépenser leur argent en Europe en y construisant des usines mais, a-t-il dit, « en assurant des transferts de technologies ». Au fond, il voudrait obtenir de la Chine le beurre et l’argent du beurre.
Les déclarations de Macron amplifient la campagne protectionniste antichinoise que l’État français développe pour protéger les intérêts de ses capitalistes nationaux, en cherchant au passage à embarquer l’Union européenne dans cette politique, alors que les bourgeoisies d’Europe ne voient pas toutes les choses de la même manière. Dans sa guerre commerciale, Macron espère peut-être des concessions de l’État chinois ainsi que des commandes pour ses amis capitalistes, mais son protectionnisme ne protègera pas les travailleurs ni du chômage ni des bas salaires. La lutte contre la concurrence étrangère est même bien souvent le prétexte des patrons pour baisser les salaires ou aggraver les conditions de travail.
Et puis pour Macron, le protectionnisme a un autre intérêt, celui d’un poison utile pour attacher moralement, et politiquement, les travailleurs au char de la bourgeoisie française, en faisant de l’étranger chinois un ennemi commun. Mais les patrons sont des exploiteurs, d’où qu’ils viennent, et les travailleurs n’ont pas à se ranger derrière eux mais à les combattre, en s’unissant par-delà les frontières jusqu’à les exproprier.