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Leur société
Médias : liberté d’expression… des puissants
Lors de rencontres organisées avec la presse régionale, Macron a évoqué différentes mesures censées limiter la propagation des fausses informations sur les sites Internet et les réseaux sociaux.

Le projet serait de « labelliser » les médias « fiables » et de mettre en place une procédure judiciaire accélérée pour bloquer une information jugée « non fiable ». Le tout serait justifié par la volonté de lutter contre les « ingérences étrangères », forcément russes ou chinoises, afin de protéger les libertés démocratiques.
La droite et l’extrême droite ont aussitôt crié à l’attaque insupportable contre la liberté d’expression. Le milliardaire réactionnaire et magnat des médias Bolloré a, quant à lui, dénoncé une « dérive liberticide », tandis que Marine Le Pen revendiquait le droit pour les médias privés de « ne pas être neutres ».
Pour les milliardaires propriétaires de médias, comme Bolloré bien sûr, mais aussi Dassault, qui ne fait pas fortune que dans l’armement, ou encore les familles Pinault ou Bettencourt, la chose va de soi : les grands bourgeois font de l’argent avec l’information mais ils défendent aussi leurs idées et leur ordre social. Rien de plus naturel que de posséder une chaîne de télévision ou des journaux pour répandre ses opinions, et cela ne date pas des réseaux sociaux.
Face à ces ténors sans complexe de la fortune, Macron et la gauche ont beau jeu de se présenter comme les défenseurs d’un audiovisuel public qui serait garant de l’honnêteté et de la neutralité de l’information. Mais cela aussi est une tromperie. Dans cette société d’exploitation divisée en classes sociales, il n’y a pas de neutralité. Les chaînes publiques sont la voix de l’État, un État qui attaque sans cesse les travailleurs, durcit les droits au chômage, dérembourse les soins, fait des économies sur la santé et l’éducation, tout en déversant des milliards au grand patronat. La télévision et la radio publique tendent tout naturellement à présenter ces mesures comme résultant de la simple logique. Elles procèdent de même quand elles invitent à longueur d’émission des militaires qui préparent les esprits à la guerre. Elles ne sont pas non plus neutres quand elles traitent de la guerre en Ukraine ou du conflit à Gaza ou quand elles présentent les chômeurs comme des feignants et des profiteurs.
En réalité, que ce soit par le biais des médias privés ou des chaînes publiques, ce sont les idées, les intérêts de la bourgeoisie qui se font jour, ainsi que la défense de son ordre social présenté comme logique et naturel. Il n’y a pas de liberté d’expression pour les travailleurs, sur leur lieu d’exploitation, où ils sont priés de se taire et de ne pas faire de politique. Pourtant tout cela ne choque pas ceux qui se présentent comme les défenseurs acharnés de la liberté d’expression ! Pour défendre leurs intérêts et une autre vision du monde, il ne reste aux travailleurs et aux classes exploitées qu’à s’exprimer par eux- mêmes.