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Dans les entreprises
Métiers en tension : marché aux esclaves
La loi immigration votée en janvier 2024 prévoyait de simplifier la régularisation des travailleurs immigrés travaillant dans des métiers dits en tension tout en la laissant à l’appréciation des préfets.
La liste révisée de ces métiers a été communiquée vendredi 21 février aux organisations patronales et syndicales, qui devaient encore être consultées. Ces listes, qui sont régionales, ont été réduites à un minimum par un gouvernement dont le discours anti- immigrés est omniprésent, de Retailleau à Valls et à Bayrou lui-même, et qui veut afficher sa volonté de régulariser le moins possible de travailleurs étrangers. Ainsi les maçons sont considérés comme un métier en tension dans toutes les régions sauf en Île-de-France. On ne retrouve les agents de nettoyage que dans huit régions sur treize. Le métier d’aide-soignant n’apparaît que dans huit régions, celui d’infirmier dans sept, alors que le personnel manque partout. Et suite à la crise diplomatique entre la France et l’Algérie, le gouvernement a annoncé que, même s’ils travaillent dans des métiers en tension, les travailleurs algériens ne bénéficieront pas de régularisations.
Il est pourtant évident que le patronat ne peut pas se passer des travailleurs immigrés, en particulier dans les métiers les plus difficiles et les plus mal payés. Certaines branches patronales protestent contre ces listes de métiers qu’ils jugent trop réduites, et vont continuer à négocier pour que tel ou tel métier qui les concerne y soit classé. Laurent Barthélémy, un des responsables de l’UMIH, l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie, juge la liste incohérente car les besoins de travailleurs saisonniers dans des lieux touristiques, par exemple, ne seraient pas pris en compte.
Mais en même temps, la démagogie anti-immigrés du gouvernement rend bien service au patronat en divisant les travailleurs, forçant ainsi ceux qui n’ont pas de papiers ou sont menacés de ne plus en avoir, à accepter des conditions bien plus difficiles que les autres, et cela fait pression sur tous. Cette démagogie sert aussi à masquer la responsabilité du patronat dans les difficultés des travailleurs, les bas salaires, les licenciements, le chômage.
Il faut refuser ces divisions qui affaiblissent les travailleurs et affirmer que tous ont le droit de vivre et de travailler là où ils le souhaitent, quel que soit leur métier, « en tension » ou non.