Michelin – Cholet : le compte n’y est pas12/03/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/03/une_2954-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Michelin – Cholet : le compte n’y est pas

Dans le cadre de la fermeture programmée des usines Michelin de Cholet et de Vannes, l’intersyndicale a jusqu’au 24 mars pour décider si elle accepte de signer ce que la direction du groupe ose appeler un « plan d’accompagnement. »

Les mesures que comporte ce plan ne sont guère au-dessus de ce que Michelin proposait au départ, lors de l’annonce des 1 200 suppressions d’emplois sur les deux sites le 5 novembre. Les licenciés toucheraient, en plus du minimum légal, une indemnité de 40 000 euros au lieu de 35 000, et une prime de 1 250 euros par année d’ancienneté au lieu de 500.

Les salariés ont fait le calcul : ce n’est pas plus que ce que leurs collègues de La Roche-sur-Yon avaient touché en 2020, lors de la fermeture de leur usine. Les mesures d’âge pour les plus de 50 ans ont même été revues à la baisse. Tout cela est d’autant plus choquant que, entre-temps, les prix n’ayant cessé d’augmenter, chacun se demande combien de temps il pourrait tenir en cas de chômage prolongé. Ce qui révolte aussi, ce sont les profits de deux milliards d’euros accumulés par l’entreprise ces trois dernières années : c’est bien avec les richesses tirées de l’exploitation des futurs licenciés qu’elle continue d’arroser généreusement les actionnaires !

Vendredi 7 mars, lorsque les syndicats ont présenté le plan de la direction aux ouvriers de Cholet, ils n’ont pas fait d’autre proposition que de contester le caractère économique des licenciements aux Prud’hommes. Des dizaines voire des centaines de travailleurs le feront, car il n’est pas question pour eux de laisser Michelin s’en tirer sans lui arracher un maximum. Mais de telles démarches, même quand elles aboutissent, peuvent prendre des années.

Par ailleurs, tout en déplorant le bas niveau du plan de Michelin, la plupart des syndicats laissent entendre qu’il faudra bien le signer, de peur d’un accord encore pire, voire que continuer à protester serait néfaste. Pas de quoi contribuer à combattre l’abattement !

Mais, comme l’a exprimé le comité de lutte dans un tract, si les travailleurs sont « sonnés », ils ne sont « pas KO ». Ils savaient que le combat serait dur car Michelin a des raisons multiples de ne rien céder. Pour le patron, qui projette de nouvelles fermetures d’usines, il s’agit de décourager à l’avance ceux qui tenteraient de s’y opposer. Et à l’heure où les suppressions d’emplois explosent, le patronat tout entier ne pardonnerait pas à Michelin un trop grand recul. Avoir compris cela collectivement, au travers de leurs assemblées et discussions quotidiennes, est pour les travailleurs un acquis de leur lutte.

Même si chacun voit se profiler le moment où, début juillet, il recevra sa lettre de licenciement, tous ceux qui ont participé à la lutte depuis novembre sont fiers d’avoir relevé la tête. Les liens créés au fil des actions vont permettre d’affronter ensemble les semaines à venir.

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