Michelin : une direction à l’offensive17/10/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/10/une_2933-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Michelin : une direction à l’offensive

Depuis des mois, la direction de Michelin fait planer la menace d’une fermeture sur plusieurs de ses sites en France. Seraient particulièrement concernés ceux de Cholet, Joué-les-Tours et Vannes.

Les rumeurs, pas nouvelles, se sont accentuées courant 2024, particulièrement après l’annonce des résultats semestriels de Michelin en juin. Le PDG Florent Menegaux a alors annoncé un chiffre d’affaires en baisse de 3,1 %, déplorant la concurrence chinoise bon marché et les « charges » trop importantes qui pèseraient sur le groupe en Europe. Avant les départs en vacances, une vidéo a été diffusée dans les ateliers des différentes usines, dans laquelle il évoquait les « décisions difficiles » que Michelin devrait prendre dans les mois à venir.

En septembre, invité à l’Assemblée nationale pour expliquer comment il paye un « salaire décent » à ses employés, Menegaux a surtout exigé plus de « protection de l’industrie européenne ». Devant des députés obséquieux, il a fait sa liste de courses : davantage d’aides et de barrières douanières, moins d’impôts et de cotisations sociales.

Puis, début octobre, Menegaux s’est fait plus menaçant dans un entretien au site Capital.fr, déclarant : « Il ne faut pas avoir peur de restructurer. » Il n’avait pas besoin de le dire, lui qui est en train de mettre des milliers de travailleurs à la porte, en fermant les usines de Trêves et Karlsruhe en Allemagne, ainsi que celle d’Ardmore aux États-Unis ! Tout l’été, les articles de presse se sont multipliés sur cette situation. Et depuis la reprise, c’est le principal sujet de discussion entre travailleurs dans de nombreuses usines.

Au niveau du groupe, face aux suppressions d’emplois, les directions syndicales ont eu recours à un « droit d’alerte économique », qui entraîne une expertise. Selon elles, c’était une manière de pousser Michelin à jouer franc jeu avec les travailleurs. Cette expertise n’a évidemment abouti à rien d’autre qu’à apporter de l’eau au moulin du patron, car le rapport ne fait que décrire le contexte de crise lié aux incertitudes du marché automobile. Mais cette crise ne touche pas salariés et actionnaires de la même façon. Certes, les volumes et les ventes sont en baisse, mais pas les prix ni les profits, puisque les bénéfices continuent d’augmenter. La famille Michelin, toujours un des principaux actionnaires du groupe, a vu sa fortune augmenter de 40 % cette année, à 1,9 milliard d’euros.

Alors, face aux menaces patronales, les travailleurs n’ont rien à attendre des cabinets d’expertise ou des promesses de Michelin. C’est en s’organisant et en comptant sur leur nombre qu’ils pourront parer les mauvais coups de ce patron. Quand les grands capitalistes se gavent à ce point, aucune raison que les travailleurs qui fabriquent leurs profits payent les pots cassés !

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