Nexperia : guerre commerciale aux dépens des travailleurs29/10/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/10/une_2987-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Nexperia : guerre commerciale aux dépens des travailleurs

Plusieurs gros constructeurs automobiles européens s’inquiètent de la possible rupture de livraison de composants électroniques par les usines chinoises Nexperia de la firme Wingtech.

La situation est alarmante, selon la directrice générale de l’ACEA, l’Association des constructeurs européens d’automobiles. Volvo, Volkswagen et d’autres risquent de se trouver en manque de diodes, transistors, régulateurs de tension et autres composants électroniques indispensables fabriqués par Nexperia. Or son propriétaire, la firme chinoise Wingtech Technology, a averti que ses usines de Chine ne livreraient plus aux constructeurs européens les composants qu’elles assemblent.

Au commencement de l’histoire, on trouve le décret de Trump inscrivant Wingtech sur la liste noire des ennemis des entreprises américaines. Par mesure de précaution, le gouvernement néerlandais, invoquant une loi de 1952 sur la « sécurité nationale », place alors sous tutelle l’entreprise Nexperia, anciennement Philips, dont l’usine de Nimègue a été rachetée en 2018 par Wingtech. Le PDG chinois a été mis en cause, et la direction de l’entreprise s’est vu interdire de prendre seule des décisions et de délocaliser tout ou partie de ses activités.

En retour, Nexperia Chine et Wingtech ont demandé à leurs employés de l’usine de Dongguan et des bureaux de Shanghai et Pékin d’ignorer purement et simplement les ordres émanant du siège néerlandais. Les composants demandés, dont les stocks sont limités par la gestion en flux tendu chez les constructeurs européens, sont assemblés et conditionnés à 80 % en Chine même après avoir été fabriqués dans des usines européennes et avant de revenir pour être montés sur des véhicules de marque Volkswagen, Volvo Cars ou Toyota.

La menace agitée à présent par les constructeurs européens est la mise au chômage technique de leurs usines. Ainsi, par une perte sur le salaire ou sur les congés, les travailleurs paieraient cet épisode de la guerre commerciale avec la Chine, après que les capitalistes européens eux-mêmes se sont alignés sur les mesures protectionnistes prises par le gouvernement américain.

Outre l’absurdité de telles mesures dans une production aussi mondialisée que celle d’une automobile, le résultat est de faire monter un peu partout les dangereuses réactions nationalistes, et de pénaliser les travailleurs d’Europe et de Chine, où Wingtech vient de réduire la production, tous victimes de cette guerre entre capitalistes.

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