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Leur société
Polluants éternels : le chantage de SEB
Jeudi 4 avril, un projet de loi visant à interdire les PFAS, les « polluants éternels », a été adopté. Mais suite aux manœuvres de la majorité gouvernementale, qui a trouvé le soutien des députés LR et RN, les ustensiles de cuisine qui contiennent de telles substances en ont été exclus.
Le projet de loi ainsi expurgé répond à la virgule près aux desiderata de la direction du groupe Seb- Tefal. Le vote des députés est intervenu le lendemain d’un rassemblement de plusieurs centaines de salariés de Tefal devant l’Assemblée nationale. L’appel émanait de certains syndicats du groupe, FO et la CFE-CGC, mais la direction de Seb était à la manœuvre, qui avait payé la journée de travail et les bus des manifestants. Elle fait du chantage à l’emploi en affirmant que 3 000 emplois seraient menacés à Rumilly, en Haute-Savoie et à Tournus en Saône-et-Loire. Elle dispose de relais dévoués parmi les élus, députés, maires des villes où elle possède des usines.
Les salariés interviewés lors du rassemblement ont exprimé leur crainte légitime de perdre leur emploi. Mais ils subissent le même chantage que celui qu’avaient fait les capitalistes de l’amiante pour continuer à faire du profit. La CGT du groupe, qui n’a pas appelé au rassemblement, a rappelé que « Depuis des décennies, la stratégie est la même de la part des entreprises polluantes : le chantage à l’emploi pour masquer et fuir leurs responsabilités en sacrifiant sur l’autel du productivisme et du profit la santé du monde du travail et celle des populations. » Les patrons voudraient enfermer les travailleurs dans une tragique impasse : se détruire la santé en s’exposant à des substances polluantes ou rester au chômage. Les manœuvres de Seb contre la loi visent à faire porter la responsabilité d’éventuelles suppressions d’emplois sur les opposants aux PFAS.
Alors que nombre de ces molécules sont toxiques et persistent durablement dans l’environnement, la direction de Tefal prétend que les PFAS employés comme anti-adhésifs sur ses poêles ne sont pas dangereux. Mais elle ne dit rien sur la façon dont ces substances sont produites avant d’être appliquées sur la poêle ni sur leur dissémination dans l’environnement quand elle est usée. On sait désormais que de vastes zones sont polluées par les PFAS comme la vallée de la chimie au sud de Lyon où Arkema et Daikin en produisent. Daikin va ouvrir une nouvelle unité de production à Pierre-Bénite près de Lyon mais refuse d’indiquer la nature des PFAS qui y seront produits. En bon patron, il ne veut pas de transparence car derrière les secrets industriels et commerciaux, il y a l’enjeu du profit.
Le groupe Seb est dirigé par Thierry de la Tour d’Artaise, marié à une riche héritière de la famille Lescure, 59e au classement Challenges, avec une fortune de plus de 2 milliards d’euros. Parmi les actionnaires, aux côtés de la famille Lescure, on trouve aussi Peugeot. Ces capitalistes ont largement les moyens de payer pour trouver une solution technique pour remplacer les PFAS, et surtout pour maintenir tous les emplois. Les travailleurs n’ont pas à céder à leur chantage : chômage ou PFAS, non merci !