- Accueil
- Lutte ouvrière n°2994
- Portugal : la grève du 11 décembre
Dans le monde
Portugal : la grève du 11 décembre
Le 11 décembre, le Portugal a connu sa plus grande grève depuis douze ans. À l’appel des deux principales confédérations syndicales, la CGTP et l’UGT, trois millions de salariés ont cessé le travail et manifesté contre le « paquet » des attaques qui les visent.
La réforme du code du travail prévue par le gouvernement de droite de Luis Montenegro projette de généraliser la précarité, autorisant le recours à des contrats courts, voire très courts, pour tous les secteurs ou encore à la sous-traitance pour remplacer des travailleurs licenciés. Dans les entreprises de moins de 250 salariés, les patrons seraient autorisés à licencier sans avoir à fournir la preuve d’une faute de la part du salarié. La flexibilité des horaires pourrait aller jusqu’à 50 heures de travail hebdomadaire sans paiement d’heures supplémentaires. Quant au droit de grève, il serait largement limité par un service minimum obligatoire étendu à des secteurs comme les crèches, les maisons de retraite et même l’alimentation.
Cela inscrirait dans la loi ce que le patronat pratique déjà largement. Sur les 5,6 millions d’actifs, près de 900 000 travailleurs sont au salaire minimum, fixé à 870 euros au 1er janvier 2025 et tous les salaires sont tirés vers le bas. La hausse des prix et la crise du logement ont fait exploser le nombre de travailleurs pauvres, à la rue ou occupant des garages ou des cabanes dans des bidonvilles, comme à Lisbonne où ceux-ci se multiplient.
Le 11 décembre, des cheminots, des soignants, des conducteurs du métro à Lisbonne ou à Porto, mais aussi des travailleurs du privé, comme ceux de la zone industrielle de Setúbal, à une quarantaine de kilomètres de Lisbonne, ont arrêté le travail. Les manifestations ont rassemblé des dizaines de milliers de grévistes, parmi lesquels de nombreux jeunes travailleurs, dans plusieurs villes du pays.
Montenegro a tenté de minimiser la grève, parlant de « participation insignifiante » tout en s’empressant de dire qu’il était ouvert au dialogue avec les dirigeants syndicaux. Mais, quelles que soient les discussions futures entre le gouvernement et les directions syndicales, les travailleurs ont pu mesurer leur force.