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Leur société
Un progrès gâché par le capitalisme
Avec le développement de l’Intelligence artificielle (IA), les dirigeants politiques et économiques annoncent triomphalement l’entrée de l’humanité dans une nouvelle ère de progrès technique. En réalité, ce sont les perspectives de nouveaux marchés qui les réjouissent tant.
L’IA représente une avancée technologique majeure, même si le terme « intelligence » est trompeur : il s’agit avant tout d’un perfectionnement des capacités informatiques, permettant de faire réaliser des tâches de plus en plus complexes à des ordinateurs de plus en plus puissants. Déjà, l’IA améliore l’autonomie des robots dans l’industrie, optimise la gestion des stocks et des flux logistiques, ou encore assiste les médecins en analysant des millions de données pour affiner les diagnostics et les traitements. Ces applications continueront de se perfectionner, ouvrant la voie à des avancées significatives dans de nombreux domaines.
Mais, sous le contrôle des capitalistes, le développement de l’IA n’est orienté que par les perspectives de profits, dans le cadre d’une guerre économique incessante. Elle est ainsi déjà utilisée pour concevoir des armes plus sophistiquées et accroître la spéculation financière à une vitesse inédite. Plutôt que de libérer les travailleurs des tâches répétitives, elle devient un prétexte à des suppressions d’emplois. On ne peut même pas espérer qu’elle diminuera l’intensité du travail, pas plus que l’introduction des robots dans l’industrie n’a allégé la pression sur les ouvriers. Avec elle apparaissent de nouvelles formes d’exploitation, comme les « forçats du numérique », ces travailleurs payés une misère pour entraîner l’IA sont déjà des centaines de milliers !
Comme pour les précédentes révolutions technologiques à l’époque capitaliste, de l’invention de la voiture à celle d’Internet, le développement de l’IA voit alterner des périodes de spéculation effrénée et des crises dans lesquelles des dizaines de milliards de dollars partent en fumée. Quelques mastodontes émergent et cherchent à imposer leur monopole à toute la société. Certains sont déjà bien placés dans la course, comme Microsoft, Amazon ou le plus récent OpenAI, concepteur de ChatGPT, sur lequel lorgne Elon Musk. Ce mode de développement entraîne un immense gâchis d’énergie humaine et de ressources, les recherches étant effectuées en double ou en triple par des équipes concurrentes pour le même marché.
Craindre l’IA en elle-même n’aurait pas plus de sens que de souhaiter un retour à une ère sans moteur à explosion ou sans Internet. Le danger ne vient pas de la technologie mais de ceux qui en sont propriétaires et ont le monopole de sa mise en œuvre. La seule perspective intelligente pour l’humanité est que les travailleurs leur arrachent cette propriété et, avec elle, le contrôle de l’usage du travail collectif et des technologies.