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- Lutte ouvrière n°2942
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Editorial
Tout ce qu’ils méritent, c’est une tempête sociale !
Samedi 14 décembre, un cyclone a ravagé Mayotte. À 8 000 km de Paris, c’est le département le plus pauvre de France. Les bidonvilles et les maisons de tôle qui abritaient un tiers de la population ont été soufflés. Des milliers de morts sont à redouter car beaucoup de sans-papiers ont eu peur de se rendre dans les abris proposés par la préfecture… par crainte d’être expulsés ! Car oui, le gouvernement français, loin de combattre la misère, mène une véritable guerre contre les pauvres qui viennent des îles voisines des Comores.
Malgré l’aide d’urgence apportée par les secours, la population est plongée dans une tragédie. Tous ses problèmes quotidiens vont être décuplés : la misère, les pénuries, les épidémies. Les autorités s’inquiètent de ce qu’elles appellent les « pillages ». Mais qu’elles apportent des vivres, de l’eau, de quoi déblayer et reconstruire des logements, en dur cette fois, et il n’y aura pas de pillage !
« Le sort s’acharne sur Mayotte », écrivent certains journalistes. Mais ce désastre n’a pas seulement été causé par la violence du cyclone amplifiée par le réchauffement climatique. Il est le fait de la misère, du sous-développement, du manque d’investissements de l’État dans les infrastructures. L’île manquait déjà de tout : d’eau potable, d’électricité, d’écoles, de moyens sanitaires, de logements décents. Cette année, elle a même été frappée par le choléra.
Mayotte a été séparée des Comores par l’impérialisme français pour lui permettre de garder un pied dans l’océan Indien. Tous les gouvernements qui se succèdent, quelle que soit leur couleur politique, s’enorgueillissent de cet héritage de l’empire colonial tout en maintenant l’île dans un sous-développement révoltant.
Cette façon de traiter Mayotte et les pauvres d’entre les pauvres ne peut surprendre personne. Tout le système capitaliste est ainsi fait : il pille, il exploite et accumule des fortunes dans les poches de quelques-uns en se moquant des femmes et des hommes qui le font prospérer. Et c’est vrai aussi de la population laborieuse ici.
Évidemment, les conditions de travail et de vie à Mayotte et ici ne sont pas comparables. Mais une chose est similaire, c’est le règne du profit, la loi des capitalistes qui tiennent la vie des travailleurs entre leurs mains.
Les travailleurs d’ici ne sont pas menacés par un cyclone dévastateur, mais par une vague de licenciements et de fermetures d’entreprises qui sera, elle aussi, dévastatrice. Car c’est une condamnation au chômage et à la pauvreté pour des centaines de milliers de travailleurs. Pour des villes et des commerces déjà sinistrés, c’est la condamnation à une mort lente.
Mais pendant ce temps les médias nous saoulent avec le cirque gouvernemental, alors même que tout le monde voit bien qu’il tourne en rond et que les politiciens se fichent de nous.
Aujourd’hui, les gouvernants font mine de s’occuper de Mayotte, mais leur seul et unique souci est de rassurer les marchés financiers. La réalité, c’est qu’ils se moquent tout autant de l’avenir des classes pauvres de Mayotte que de celui des travailleurs d’ici !
Les centaines de milliers de suppressions d’emplois ne sont même pas un sujet pour les politiciens qui nous rejouent, depuis six mois, la même comédie. Alors, ni Bayrou, ni aucun de tous ces politiciens ne méritent qu’on s’intéresse à leurs simagrées.
Pour les classes populaires, rien de bon ne viendra d’en haut, et surtout pas dans cette période de crise du capitalisme. Il dépend des travailleurs, de tous ceux qui sont révoltés par une société aussi injuste, de se battre pour changer leur sort. Rien n’a jamais été donné aux opprimés et aux travailleurs. Tout ce que nous avons obtenu, nous l’avons arraché par nos luttes.
Après Barnier, Bayrou cherche une majorité au Parlement pour nous balader. Mais nous, travailleuses et travailleurs, nous sommes la majorité de la population. La majorité utile et indispensable au fonctionnement de la société. Une majorité qui est capable de se faire craindre de la minorité patronale et de la faire reculer, comme l’ont montré les grandes grèves de 1936 et de 1968, car c’est de nous tous que dépendent leurs profits.
Dans ces moments de lutte, ce ne sont plus les guignols du Parlement ou du gouvernement qui dictent l’agenda politique, mais les travailleurs.
C’est alors que l’on peut faire reculer la rapacité patronale et forcer les actionnaires à prendre sur les profits pour améliorer les conditions de travail et de vie de toute la population. C’est dans la lutte pour renverser ce système capitaliste complètement fou que l’on pourra faire avancer l’intérêt général partout. Ici, à Mayotte, et dans le reste du monde !
Nathalie Arthaud