RATP - Métro : un exemple de justice patronale22/10/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/10/une_2986-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

RATP - Métro : un exemple de justice patronale

Le 14 octobre s’est tenu le procès de Yohan, conducteur de métro sur la ligne 6 de la RATP suite à un accident survenu en avril 2023. Une voyageuse était morte, entraînée par son métro à la station Bel Air.

Comme souvent dans les cas d’accidents graves, si le salarié s’est retrouvé sur le banc des accusés, le patron, en l’occurrence la RATP, n’a pas été inquiété. Pourtant sa responsabilité a été reconnue par l’expertise judiciaire. Ainsi, les miroirs censés permettre au conducteur de surveiller les portes étaient mal orientés, sans parler de la difficulté de surveiller deux miroirs en même temps. D’ailleurs, l’expert a dû ordonner à la RATP de laisser en l’état les miroirs le temps de faire son travail : alors que leur dangerosité était signalée depuis des années, il était soudain devenu urgent de les changer... avant son passage. Il a aussi pointé les précieuses secondes perdues par la famille de la victime pour trouver le signal d’alarme : alors qu’auparavant ils étaient rouges, la RATP les a fait repeindre en gris pour éviter qu’ils soient utilisés trop souvent.

Malgré tous ces éléments, et malgré la famille de la victime qui, loin d’accabler le conducteur, demandait des comptes à la régie, c’est bien le seul Yohan qui était jugé, et contre qui le procureur a demandé un an de prison avec sursis. Cela choque bien des travailleurs de la RATP, en particulier sur la ligne 6 dont les conducteurs avaient débrayé en 2023 quand leur collègue avait été mis en garde à vue. Ils continuent de réclamer les moyens de travailler en toute sécurité mais le remplacement des miroirs par des caméras là où ce serait nécessaire, par exemple, est toujours remis à plus tard faute de budget. En attendant, ils résistent à la pression permanente de la direction visant à desservir les stations rapidement pour respecter son contrat avec Île-de-France mobilité : la RATP a en effet des objectifs mesurés par le nombre de trains passant à certaines stations chaque jour.

Tout récemment encore, sur la ligne 6, alors que la direction venait de supprimer pour cause d’économies les « gilets orange » chargés de canaliser les voyageurs aux heures d’affluence, un voyageur est tombé sur les voies et a été électrisé.

Face à un patron qui ne pense qu’à son argent et à une justice rodée à dédouaner les employeurs, la solidarité entre travailleurs doit jouer pleinement son rôle.

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