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Leur société
La Réunion : deux poids, deux mesures
Dix jours après le passage du cyclone Garance sur l’île de La Réunion, l’incurie des autorités aggrave les effets des perturbations climatiques.
Aux aberrations dans l’aménagement du territoire (bitumage et bétonnage qui rendent les sols imperméables, constructions en zones à risques, etc.), s’ajoute le manque d’entretien des caniveaux, des buses et des fossés qui a contribué à l’inondation de routes et d’immeubles. Manifestement les 12 000 travailleurs en emplois aidés employés en grande partie à l’élagage, au débroussaillage et au curage ne suffisent pas à faire ce travail indispensable, non seulement pour faire face aux tempêtes et aux cyclones, mais aussi pour lutter contre la propagation du chikungunya ou de la dengue. Or, depuis début janvier, la baisse de la participation de l’État au financement des contrats Parcours emploi compétences (PEC) fait tomber leur nombre à 8 000, leur durée de 11 à 10 mois, et la durée de travail à 23,5 heures hebdomadaires maximum au lieu de 26 précédemment.
Un cyclone plus tard, Valls, assure qu’il va voir avec la ministre du Travail pour « remonter ces emplois aidés qui sont très utiles sur le terrain et pour les collectivités ». Devant l’angoisse des sinistrés, il a annoncé « mobiliser un fonds qui va représenter 200 millions d’euros pour les collectivités territoriales » de La Réunion. Mais surtout que « tous les dispositifs devront arriver le plus rapidement possible pour mettre de l’argent dans la poche des entreprises ».
En effet, selon le président du Medef Réunion, « 90% des adhérents ont été impactés » par les vents mais aussi et surtout par les coupures d’électricité et d’eau. « De nombreux commerces ont dû jeter leurs produits frais car la chaîne du froid a été rompue. Et certains ne peuvent toujours pas rouvrir », assure-t-il. Ils seront probablement mieux entendus que les habitants qui ont aussi perdu le contenu de leur congélateur. Les conséquences du cyclone s’ajoutent à la cherté de la vie pour rendre le quotidien encore plus difficile dans les quartiers populaires.
Dans leur courrier à Valls, le PS, le PCR et les Verts ne disent pas un mot de cette question essentielle pour les travailleurs et la population, mais exigent en revanche une place au prochain Comité interministériel des Outre-mer. Rien n’arrête l’engouement pour les allées du pouvoir, aucune casserole, aucun procès ! Ainsi, un signataire dirigeant du PCR attend son procès prévu en mai à Paris pour truquage des marchés de l’électrification des communes, affaire mise au jour par une enquête lancée en 2022 et dans laquelle les sociétés corruptrices ont déjà été condamnées. Un autre signataire a laissé ses amis saborder les finances de la société de transport public Estivel, ce qui a provoqué des dizaines de licenciements.
Autant dire qu’il n’y a rien à attendre de ces notables locaux, alors que le cyclone a touché plus durement les plus pauvres, l’État aide plus sûrement les plus riches.