Roumanie : leur démocratie et ses œuvres11/12/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/12/une_2941-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Roumanie : leur démocratie et ses œuvres

Un candidat présenté comme pro-russe ayant créé la surprise en se qualifiant pour le second tour de l’élection présidentielle en Roumanie, la Cour suprême a, deux jours avant le second tour, annulé sine die le scrutin. Il suffisait d’y penser.

Si les gouvernements ouest-européens se sont abstenus de faire des commentaires sur la place publique, leurs relais dans les médias ont poussé un ouf de soulagement. Ils ont présenté cette annulation de scrutin comme le summum de la démocratie, tout en reprenant les justifications dont s’entourent les autorités roumaines. Elles accusent en effet le candidat dit pro-russe d’avoir saturé les réseaux sociaux en sa faveur, d’avoir mobilisé des influenceurs en vogue grâce au financement massif de sa campagne par un milliardaire décrit comme œuvrant pour Moscou. De la sorte, les électeurs roumains, expliquent les bonnes âmes, auraient été abusés, trompés, amenés à voter contre leur propre intérêt.

Il faut sans doute comprendre de toute cette affaire que, quand de telles méthodes desservent le camp des politiciens favorables aux puissances impérialistes européennes, cela est synonyme de flagrant déni de démocratie et de manipulations inqualifiables justifiant un carton rouge électoral.

En revanche, si quelques semaines plus tôt on a assisté, et à une échelle autrement plus gigantesque, au financement de la campagne électorale du milliardaire Trump par l’archi-milliardaire Elon Musk, ou de Kamala Harris par le gratin du capitalisme américain, il n’y aurait rien à redire. Dans l’un et l’autre cas, cela se faisait pour la bonne cause : celle de la grande bourgeoisie capitaliste des États-Unis.

On peut être certain que le candidat de l’extrême droite pro-russe en Roumanie ne défendait en rien les intérêts des électeurs populaires ou ouvriers. Il représente lui aussi, même si c’était de façon différente, une politique de classe opposée à celle dont a besoin la classe ouvrière.

Il reste que, intervention massive ou pas de Moscou dans la campagne électorale, nombre d’électeurs roumains avaient et ont de bonnes raisons de ne pas faire confiance aux politiciens locaux bien en cour à Paris, Berlin ou Bruxelles.

Les chantres de la prétendue démocratie occidentale considèrent comme impossible qu’en Roumanie, de même que récemment dans la Moldavie voisine, une fraction de l’électorat ne souhaite pas voir s’installer un gouvernement dressé contre la Russie. Comme si les Roumains n’étaient malheureusement trop bien placés, ayant une longue frontière avec l’Ukraine, pour savoir ce que la guerre coûte à leurs voisins du Nord !

Nombre de travailleurs roumains savent bien ce que signifie l’alignement sur l’Union europénne. Ce sont les salaires de misère dans les usines des capitalistes de l’UE installées en Roumanie, ou bien l’exil pour aller gagner sa vie en France ou en Allemagne.

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