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Leur société
Sans-papiers – Beauvais : des conditions d’accueil indignes
L’association Solidarité migrants de l’Oise dénonce le fait qu’à Beauvais, le nombre de places d’hébergement pour les migrants est passé de 40 à 30.
Tous les soirs, devant la gare, environ 80 migrants se retrouvent, nombre en augmentation régulière. Hommes, femmes et enfants attendent dans le froid le Samu social, dans l’espoir d’un repas et d’un point de chute pour la nuit. Si les femmes et les enfants peuvent espérer être hébergés dans une salle municipale, beaucoup d’hommes doivent se contenter de se réfugier dans des recoins insalubres. Certains migrants, des familles parfois, se voient proposer de prendre le bus pour Creil ou d’autres villes de l’Oise afin d’y dormir. Les enfants font ainsi parfois plus d’une heure de bus pour aller à l’école, le matin, à Beauvais. À 7 heures, les hébergements ferment et tout le monde se retrouve dehors dans le froid pour la journée. Certains migrants essaient de se réchauffer à la gare, mais le service d’ordre bloque les portes dans le but de créer des courants d’air. Toutes les prises électriques de la gare ont été déconnectées pour les empêcher de recharger leurs portables. Quand s’arrêtera la trêve hivernale, le 31 mars, il n’y aura même plus de possibilité d’hébergement la nuit car le ministère coupe les crédits.
À ces conditions de vie insupportables s’ajoutent les refus administratifs, la peur d’être contrôlé que connaissent tous les sans-papiers. Même ceux qui veulent les aider ont de plus en plus de mal à le faire, conséquence des discours anti-immigrés que répandent les politiciens en mal de démagogie. Fin janvier, lors d’une réunion, l’association Solidarité migrants rappelait qu’en décembre 2022 Darmanin avait demandé aux préfets, dans le cadre d’une circulaire concernant les migrants, de « leur rendre la vie impossible ». Aujourd’hui, Bayrou poursuit cette politique raciste en évoquant le « sentiment de submersion » qu’engendrerait l’immigration, faisant consciemment écho au « grand remplacement » de Zemmour. Cette politique ne manque pas d’être relayée localement : un responsable de la préfecture a osé déclarer que, si des gens dorment dans la rue, c’est à cause de ceux qui refusent d’obtempérer à une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et qui prennent les places dans les centres d’hébergement !
Il y a deux mois, le 18 décembre 2024, quelques dizaines de manifestants se réunissaient sur la place de Beauvais pour exprimer leur solidarité lors de la Journée internationale des migrants. Une vingtaine de migrants ont participé au cortège malgré les risques de répression. Un pied de nez aux idées réactionnaires et racistes qui se développent aujourd’hui.