Santé mentale : grande cause sans moyens09/04/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/04/une_2958-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Santé mentale : grande cause sans moyens

Les chefs des Urgences psychiatriques d’Angers, de Cholet, de Saumur et du Mans viennent de dénoncer la dégradation des services hospitaliers dont ils ont la charge. « Bon dieu, faites quelque chose ! », écrivent-ils dans une lettre adressée à l’Agence régionale de santé et au ministère de la Santé.

Les autorités sanitaires n’ignorent rien des difficultés croissantes que rencontrent les soignants et les patients. Nombre de rapports, d’assises de la psychiatrie, de signaux d’alarme tirés au fil des ans, ne laissent pas de doute sur la catastrophe sanitaire en cours. En fait, la politique d’étranglement financier des établissements hospitaliers, et en l’occurrence de ceux de psychiatrie, se poursuit depuis des décennies, quels que soient les gouvernements.

Le résultat n’est donc pas surprenant. Il faut des mois, pendant lesquels l’état psychologique a tout le temps de s’aggraver, pour avoir un premier rendez-vous dans un Centre médico- psychologique (CMP). Dans les hôpitaux, il y a trop peu de psychiatres et ils ont trop peu de temps à accorder à chaque patient. Même lorsque les soignants détectent une aggravation de l’état d’un patient, il peut se passer des jours avant qu’un psychiatre l’examine et éventuellement modifie son traitement. Ce sont alors les soignants, eux-mêmes en nombre insuffisant, qui sont en première ligne et prennent des coups lorsqu’une crise éclate violemment. Dans ces conditions, la contention apparaît comme le dernier recours pour des équipes médicales.

Les périodes de confinement, imposées lors de la pandémie il y a cinq ans, ont encore accru les besoins en matière de suivi psychologique ou de soins psychiatriques, particulièrement pour les jeunes. Face à cela, les gouvernements bricolent avec quelques séances d’accompagnement psychologique gratuites, à condition de trouver un professionnel qui ne soit pas débordé.

La santé mentale a été déclarée « grande cause nationale » cette année, sans que cela implique de lui consacrer des moyens supplémentaires. Les autorités publiques ont lancé une « campagne de sensibilisation ». Pour elles, la « grande cause nationale », c’est « cause toujours » !

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