Sécurité sociale : un mauvais coup peut en cacher un autre24/12/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/12/une_2995-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Sécurité sociale : un mauvais coup peut en cacher un autre

Malgré le théâtre autour du vote du budget de la Sécurité sociale (PLFSS), certaines mesures parmi les pires n’ont pas été mises en lumière. C’est le cas de celle visant à réduire les pensions des retraités qui reprennent une activité professionnelle.

Depuis toujours, la faiblesse des pensions de retraite pose problème. Avant 1982, l’âge légal de la retraite était de 65 ans et l’espèrance de vie n’allait pas tellement au-delà. La question de travailler pour compenser la faiblesse des pensions se posait donc peu. En 1982, la réforme des retraites qui portait l’âge légal à 60 ans a aussi fortement encadré le droit de cumuler sa pension avec une reprise d’activité, afin de dissuader les travailleurs de partir en retraite trop tôt au goût des patrons et de l’État.

Dans les années 2000, les différentes réformes des retraites ont au contraire plutôt facilité le cumul emploi-retraite. Il devenait possible de re-travailler dès 60 ans, pour qui avait tous ses trimestres. Le plafond de revenus à ne pas dépasser dans ce cas était augmenté. Pour les plus de 65 ans et ceux ayant une retraite complète, ce plafond était même carrément supprimé. Enfin, il était autorisé de reprendre la même activité qu’avant le départ en retraite.

C’est sur l’ensemble de ces mesures que le PLFSS revient maintenant. Actuellement, plus de 700 000 retraités ont un emploi, dont 27 % sont des hauts cadres ou des professions libérales. Les autres sont surtout d’anciens travailleurs cherchant ainsi à joindre les deux bouts alors que les réformes successives des retraites – surtout celle de Balladur en 1993 – ont très fortement diminué le montant des pensions tout en repoussant l’âge de départ. 24 % des retraités ont des pensions très modestes voire insuffisantes pour survivre. Ce sont en majorité des femmes. Et c’est donc à ceux-là que s’attaque le gouvernement en modifiant les règles.

Ainsi, dès 2026, les retraités qui travaillent sans avoir acquis leur droit à une pension complète verront celle-ci diminuée du montant de leur nouveau revenu, à l’euro près. Les autres, et ceux de plus de 67 ans, se verront retirer aussi de leur pension l’équivalent d’une partie des revenus perçus au-delà de 7 000 euros par an. Le but évident est d’empêcher au maximum les travailleurs de partir avant 67 ans.

Aucun député, aucun ministre, qu’ils aient ou non voté le budget de la Sécurité sociale, n’a fait de la publicité à cette mesure. Ils ont ainsi participé à duper les travailleurs en taisant les attaques cachées derrière la fausse suspension de la réforme des retraites.

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