Sénat  : les exigences de Michelin29/01/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/01/P6-2_Rassemblement_de_travailleurs_de_Michelin_%C3%A0_Chambray_le_7_janvier_C_LO.jpg.420x236_q85_box-17%2C0%2C783%2C431_crop_detail.jpg

Leur société

Sénat  : les exigences de Michelin

Le 22 janvier, auditionné par la Commission des affaires économiques du Sénat, Florent Ménégaux, PDG du groupe Michelin, a déroulé pendant deux heures les exigences d’un grand patron plein de cynisme.

Illustration - les exigences de Michelin

Pour justifier la fermeture d’usines en France avec la suppression de 1300 emplois alors que « nos salariés sont super forts, super bons », Ménégaux a commencé par dénoncer « une invasion massive de pneumatiques en provenance d’Asie ». Il explique cela par un coût de production en Europe qui ne cesse d’augmenter : le surcoût serait passé de 34 % en 2019, « ce qui était gérable », à 91 % en 2024. La cause, selon lui, serait la forte hausse du coût de l’énergie en Europe mais aussi celle des salaires sous l’effet de l’inflation. Les salariés des sites français apprécieront puisque Michelin vient de leur proposer... 1 % d’augmentation générale pour l’année 2025 tout en prétendant leur verser « un salaire décent ».

Reprenant la rengaine bien connue « il y a trop de charges », Ménégaux a dénoncé le trop grand écart entre le salaire brut et le salaire net : « Pour 100 euros brut versés en France, c’est 142 payés par l’entreprise et seulement 77,5 euros touchés par le salarié (…) c’est normal que les salariés et les entreprises râlent. » Le PDG d’un groupe qui a versé l’an dernier un milliard d’euros de dividendes à ses actionnaires tout en serrant la ceinture de ses salariés, fait comme si les deux classes avaient les mêmes intérêts. Mais les travailleurs produisent toute la valeur ajoutée et la seule façon acceptable d’augmenter leur salaire net serait que la totalité des cotisations salariales soient payées par l’entreprise. Réduire celles-ci sans que les patrons les prennent en charge, c’est vider les caisses des retraites, du chômage ou de l’assurance- maladie.

Sans surprise, Ménégaux a aussi dénoncé « le coût de la fiscalité » avec, toujours selon ses propres chiffres, des impôts de production à 4,5 % en France contre 2,2 % en Allemagne, des prélèvements obligatoires de 45,6 % en France contre 40 % en Allemagne… Tout cela visait à justifier son petit chantage : « On peut taxer les industries en France mais il ne faut pas s’étonner après si les industriels vont ailleurs. » Ménégaux a fini sa plaidoirie patronale en dénonçant « la complexité administrative européenne ». Il n’est pas contre les normes mais il veut qu’elles soient identiques dans tous les pays d’Europe et qu’elles ne changent pas tout le temps.

Nul doute que les sénateurs, serviteurs zélés des capitalistes français, reprendront ces arguments pour justifier les prochaines lois antiouvrières. Les travailleurs, quant à eux, doivent dénoncer et combattre cette propagande patronale.

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