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Dans le monde
Sénégal : dehors les troupes coloniales !
Le 1er décembre au Sénégal, le massacre des soldats africains en 1944 au camp de Thiaroye a été commémoré avec force. Les exactions de l’armée française envers ceux qu’elle avait forcés à combattre sous sa direction ont été dénoncées pour ce qu’elles sont : des crimes coloniaux.
Pour la première fois depuis quatre-vingts ans, l’État français, par la bouche de Macron, a enfin reconnu que l’armée française avait bien commis ce massacre en 1944.
En effet, à l’automne de cette année-là, un millier de tirailleurs africains revenus de la guerre, voire des camps nazis, se révoltèrent car l’État français refusait de leur verser leur solde comme aux autres soldats qui l’avaient touchée depuis longtemps. Qu’ils aient combattu auprès des soldats français sur de multiples champs de bataille en Europe était une chose, qu’ils soient reconnus comme leurs égaux et payés comme tels en était une autre dont le gouvernement de De Gaulle ne voulait pas entendre parler. La « libération » de la France signifiait avant tout pour les bourgeois et les dirigeants français que l’empire colonial devait être maintenu, ainsi que l’exploitation et le mépris qui l’accompagnaient, pour le plus grand bonheur des capitalistes. Ces soldats attendaient depuis des mois leur démobilisation et leur solde dans des conditions indignes, humiliantes, parqués dans ce camp de Thiaroye. Le 30 novembre 1944, ils prirent en otage un général français. Le lendemain au petit matin, ils étaient mitraillés sans pitié. Les morts furent enterrés à la hâte. Plusieurs survivants furent condamnés pour insubordination. Et quand ceux qui restaient purent enfin rejoindre leur village, ce fut sans les sommes promises.
Le gouvernement sénégalais a fait de cette commémoration un élément de sa dénonciation de la présence militaire française dans le pays. Quelques jours auparavant, le président avait annoncé vouloir y mettre fin, comme il l’avait promis dans son programme électoral. Il est en effet révoltant et inacceptable que, soixante ans après la décolonisation, la France impose encore à de nombreux pays africains la présence de milliers de ses soldats. Si l’armée française a gardé durant toutes ces décennies de nombreuses bases, c’est afin de surveiller les intérêts de ses capitalistes, de maintenir l’ordre dans ce qu’elle considérait comme son précarré et de protéger les dictateurs choisis à l’Élysée.
Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye réclame à juste titre le départ des soldats français. Cela ne signifie pas pour autant la fin de la domination impérialiste pour la population sénégalaise. Non seulement les négociations autour de ce départ peuvent finir à l’avantage des capitalistes français, mais la misère de la population, l’inflation et l’exploitation de la classe ouvrière ne disparaîtront pas néanmoins. En le faisant croire, Faye comme Sonko voudraient pouvoir éluder la vraie question : celle du combat contre le système économique basé sur l’exploitation du travail qui profite aux capitalistes, aux bourgeois, quelle que soit la couleur de leur peau.