- Accueil
- Lutte ouvrière n°2992
- Ukraine : l’après-guerre aussi peut rapporter gros
Dans le monde
Ukraine : l’après-guerre aussi peut rapporter gros
Le 1er décembre, après des discussions en Floride où la partie américaine avait tenté d’imposer à ses interlocuteurs ukrainiens le plan dit de paix de Trump, le président Zelensky s’est précipité à Paris pour rencontrer un Macron qui se veut son plus ardent défenseur face à la Russie.

Zelensky en est à espérer que les dirigeants européens fassent tant soit peu contrepoids au forcing de Trump, qui veut qu’il signe son plan. Car, même légèrement remanié, ce plan prend acte du rapport de force défavorable à l’Ukraine sur le front, ainsi que de l’affaiblissement de Zelensky à la tête du pays, empêtré qu’il est dans des affaires de corruption. Surtout, ce plan entérine le fait qu’après avoir œuvré à provoquer un conflit qui affaiblisse Moscou dans l’espace ex-soviétique, Washington estime avoir atteint son objectif. Place donc à l’étape suivante : l’exploitation des richesses ukrainiennes sur lesquelles des trusts américains ont pu mettre la main, mais aussi à l’éventuelle ouverture du marché russe.
En effet, des milieux d’affaires américains entrevoient la possibilité de nouer une collaboration prometteuse avec les géants russes de l’économie. S’il se confirme que, pour cela, la Maison-Blanche doive acter la victoire de Poutine en Ukraine, ils voient la perspective de gros contrats, notamment dans le secteur du gaz, du pétrole ou des terres rares. Sans oublier le nucléaire car, sanctions antirusses ou pas, les États-Unis restent tributaires de Rosatom pour approvisionner leurs réacteurs en uranium enrichi.
Ces relations sont telles que le Wall Street Journal leur a consacré un long article le 30 novembre, précisant que l’administration Trump « voit bien la Russie non pas comme une menace, mais comme un pays aux innombrables opportunités ».
Nul besoin donc, tels les médias qui mènent une propagande guerrière intéressée, de chercher la main de Moscou dans la rédaction du plan de Trump. Ceux qui ont tenu la plume, on les trouve parmi les hommes d’affaires qui forment les délégations américaines. Ainsi, à Moscou, mardi 2 décembre, le promoteur immobilier et envoyé spécial de Trump Steve Witkoff, un habitué, conduisait les discussions avec Poutine, ce dernier étant flanqué de son envoyé spécial, Kirill Dmitriev, un banquier d’affaires formé à Harvard, devenu PDG du Fonds d’investissement direct de Russie, son fonds souverain, doté d’au moins 10 milliards de dollars.
Bien sûr, face à de pareils appétits et moyens financiers, la cause de ce que les gouvernants et médias occidentaux décrivaient comme la courageuse petite sentinelle ukrainienne de la démocratie sur le flanc oriental de l’Europe, ne fait pas le poids. Et les États impérialistes de second rang, dont la France, ne pèsent guère plus pour faire valoir leurs intérêts dans un après-guerre qui se dessine en grande partie sans eux.
Alors, tout en jurant de leur volonté de paix, les Macron et consorts poussent l’Ukraine à continuer la guerre. Le 13 novembre, Zelensky a d’ailleurs reconnu, dans une interview à l’agence Bloomberg, que ses « amis » européens exigeaient qu’il recrute plus de soldats. Et la Rada, le Parlement, s’exécute, qui débat d’un projet de conscription des femmes.
La population ukrainienne a beau en avoir assez, les Macron va-t-en guerre avec la peau des autres veulent toujours plus de chair à canon. Et pour une bonne raison : tant que l’armée ukrainienne a des troupes, il lui faut des armes, dont elle peut passer commande aux industriels… français de préférence. Pour justifier cela aux yeux de l’opinion, tout en la conditionnant au prochain conflit généralisé qu’ils préparent, les Macron et leurs états-majors inventent la menace de l’ogre russe. Que celui-ci piétine à 400 kilomètres de Kiev depuis bientôt quatre ans, qu’importe : ces menteurs de profession martèlent qu’il sera bientôt à Paris et à Berlin. Non pas parce que c’est la réalité, mais parce que leurs industriels et leurs généraux ont intérêt à faire avaler cet énorme bobard !