Voitures thermiques : l’Europe au secours des constructeurs17/12/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/12/une_2994-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Voitures thermiques : l’Europe au secours des constructeurs

Le 16 décembre, l’Union européenne a publié un ensemble de directives « assouplissant » l’objectif fixé aux constructeurs automobiles dans le cadre du Pacte vert européen.

Il s’agissait, au départ, d’atteindre la neutralité carbone en 2050, c’est-à-dire de tenter d’imposer aux constructeurs la production de véhicules moins polluants. La fin de la vente de ceux équipés de moteurs thermiques ayant été fixée à 2035, les différents constructeurs européens ont développé des stratégies permettant de sauvegarder le plus important, leurs profits.

Et de mettre au point des carburants dits verts, des motorisations plus ou moins alternatives, et les moteurs tout électrique. Des usines de fabrication de batteries ont poussé, arrosées de subventions publiques et de crédits impôt recherche, pour fournir à ces voitures électriques l’énergie nécessaire, étiquetée « verte » pour la bonne cause.

Mais voilà que les véhicules électriques peinent à se vendre. La plupart du temps fort chers, ils ne représentent, en Europe, qu’un véhicule vendu sur six. En France même, 90 % des véhicules roulent encore à l’essence ou au diesel. Depuis des mois donc, des pressions se sont exercées continûment pour que les instances européennes assouplissent les exigences – pourtant acceptées par les industriels – et les fameuses normes qui seraient restrictives et coûteuses, donc pèseraient sur le prix de vente du véhicule.

Et la Commission européenne a reculé. L’objectif d’un arrêt total de la vente de véhicules à moteur thermique en 2035 a été revu à la baisse. Les constructeurs pourront encore fabriquer 10 % de véhicules à moteur thermique ou hybrides, à condition de parvenir à 90 % de « décarbonation » en compensant par des « crédits carbone » obtenus par l’utilisation de carburant vert ou d’acier dit bas carbone fabriqué en Europe. Les constructeurs orientés vers le thermique jubilent, en particuliers en Allemagne, en Italie et en Pologne, où les investissements dans l’électrique n’ont pas atteint les mêmes niveaux qu’en Espagne et en France. Tous n’ont cessé de réclamer un élagage des « normes ». Ce seraient ces « normes » coûteuses qui freineraient l’acquisition d’une voiture neuve, et pas son prix comparé au pouvoir d’achat en berne de l’acheteur potentiel.

La Commission a, en outre, tenu compte des craintes des constructeurs face au succès des petites voitures électriques fabriquées en Chine. Elle dotera les petits modèles électriques européens d’un calcul très avantageux en matière de CO2, assorti de recommandations aux États membres, incités à leur accorder encore d’autres avantages.

Les constructeurs n’ont donc pas eu réellement à s’inquiéter. Non seulement ils ont en permanence l’oreille des institutions européennes, mais ils ont tous par avance réalisé d’importantes économies sur la masse salariale, en mettant des milliers de travailleurs à la rue. De plus, la Commission européenne a déjà annoncé un plan d’investissements de 1,8 milliard d’euros pour les gigafactories européennes de batteries, pour concurrencer les fabricants chinois. Si, de plus, les travailleurs sont maintenus dans l’inquiétude, tout va pour le mieux… pour les patrons.

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