Discussions sur les textes d’orientation14/12/20252025Lutte de Classe/medias/mensuelnumero/images/2025/12/une_252-c.jpg.484x700_q85_box-12%2C0%2C1371%2C1965_crop_detail.jpg

Discussions sur les textes d’orientation

Le fait que nous soyons homogènes, que nos votes soient unanimes, est le résultat de choix conscients de la part des camarades. Nous faisons l’effort de faire des textes politiques tous les ans. Tout ce que nous avons pu écrire, nos analyses d’événements pour lesquelles Trotsky n’était plus là pour nous tenir la main, nous n’avons pas à en rougir. Tout ce que nous avons pu dire sur la nature de la Chine, sur l’évolution des démocraties populaires, etc., on peut le relire aujourd’hui, s’y retrouver et comprendre nos positions. Nous parlons délibérément de la Chine, parce que si vous relisez des textes de Mandel, de Krivine, etc. sur ce sujet, nos textes se sont confirmés largement au-dessus au vu de son évolution depuis. Chez les autres trotskystes, on trouve même des textes pour se demander si Zanzibar ne serait pas un État socialiste déformé ou un État ouvrier dégénéré.

Les relations Chine-États-Unis

Va-t-on vers une guerre Chine – États-Unis ?

Nous avons dit bien des fois que, même si la rivalité entre les États-Unis et la Chine est vive sur le terrain de la guerre économique, ces deux grandes puissances sont paradoxalement, pour ainsi dire, les seules qu’aucun conflit militaire n’oppose directement. Et pourtant, une sorte d’unanimisme s’est constitué pour affirmer que c’est autour de ces deux grandes puissances que se produira la confrontation décisive.

Mais, en même temps, nous disons et répétons que rien ne nous permet de prédire le cheminement que prendra la guerre mondiale, inévitable dans cette société impérialiste. Nous n’avons aucun don de divination ou de prévision, sauf sur un point fondamental : pour éviter la barbarie, il faut renverser cette société. Mais là, il s’agit d’une démarche volontariste et d’un objectif militant. Les maîtres de cette société n’ont d’ailleurs pas plus de pouvoir de prévision ou de divination, incapables qu’ils sont de diriger leur propre société, de prévoir où elle va. Ce pouvoir ne leur sert à rien pour influer sur la situation ou la modifier, du moins dans le bon sens.

Il y a au moins une chose sur laquelle nous serons d’accord avec les commentateurs : la prochaine guerre mondiale opposera les États-Unis et la Chine. Le raisonnement nous permet d’arriver à cette conclusion : imaginer que les États-Unis pourraient accepter de se laisser surpasser par la Chine, ce serait imaginer que la première puissance impérialiste pourrait capituler sans se battre. Les guerres sont justement faites pour décider qui domine, quelle puissance impérialiste domine.

Aux racines des tensions Chine – États-Unis

On pourrait dire que depuis l’arrivée de Mao au pouvoir, de fait, les États-Unis et la Chine coexistent. Cette coexistence a connu de multiples formes et variations au cours des décennies, parmi lesquelles des affrontements militaires. La guerre de Corée a été la plus marquante, avec 1,5 million de morts ! D’ailleurs on peut se dire que la Deuxième Guerre mondiale n’est pas terminée, dans le sens où pour ce qui concerne la Corée, il n’y a même pas de traité de paix et des barbelés séparent toujours, 80 ans plus tard, le Nord et le Sud d’un même pays.

Ensuite il y a eu la guerre au Vietnam, puis une période de paix relative, en tout cas sans affrontement militaire réel, pendant laquelle les États-Unis et la Chine ont semblé se retrouver sur un tout autre terrain, fait d’une collaboration poussée de plus en plus loin.

Un journal américain a publié un article il y a quelque temps qui, en gros, affirme que depuis la chute de l’Empire romain, on n’a connu que des temps de guerre, et jamais une période de paix, sur toute la planète. Bien sûr, il s’agit de guerres à différents niveaux, entre celles qui disent leur nom, celles qui le taisent, ou toutes sortes de conflits plus ou moins grands. Dans une période de prétendue paix, il y a eu en RDC presque autant de morts que pendant le Première Guerre mondiale. Les périodes de paix de l’impérialisme n’en sont pas vraiment, et de loin.

La guerre en Corée a vu l’implication d’un grand nombre de pays, directement ou indirectement. Toute une partie de l’opinion se préparait alors à une troisième guerre mondiale. Nos ancêtres politiques, après la génération Barta, s’attendaient à certains moments, durant les années cinquante, à ce qu’elle commence. Cela n’a pas eu lieu. Mais c’est pour vous dire que les relations entre les États-Unis et la Chine, même maoïste, n’étaient pas un long fleuve tranquille.

C’est le cas en gros depuis que Mao est arrivé au pouvoir, et pas parce qu’il contestait l’ordre capitaliste. Mais, malgré les divagations des maoïstes qui voyaient dans le régime chinois quelque chose de moins stalinien, la Chine de Mao cherchait à s’intégrer à cet ordre mondial impérialiste et pas à le mettre par terre. Depuis des décennies, l’orientation de la Chine était de s’intégrer. Et les relations entre les États-Unis et la Chine ont été caractérisées par une forme de collaboration. Dans une certaine mesure, l’économie chinoise s’est intégrée au monde impérialiste. Mais en même temps, cela n’a pas empêché les conflits.

La Chine devenue une rivale de poids

À partir du moment où, grâce à son étatisme, la Chine a semblé entrer en compétition avec les États-Unis, la puissance impérialiste dominante de la planète, le basculement de la confrontation, de la guerre économique à la guerre tout court, devenait en effet une possibilité, voire une nécessité.

Nous sommes, depuis un certain temps dans cette situation. Comme dit un proverbe africain, « Il n’y a pas de place pour deux crocodiles dans le même marigot. »

Depuis plusieurs années cependant, les États-Unis ont laissé, de gré ou de force, la Chine grandir et ajouter à ses progrès économiques incontestables des progrès dans le domaine de l’armement, de la capacité militaire, du poids diplomatique, etc.

De ce fait, la rivalité militaire a eu tendance à prendre le dessus dans les différents aspects de leurs rivalités tout court, d’autant plus que l’existence d’une deuxième Chine, en l’occurrence Taïwan, a focalisé toutes les autres formes de rivalité.

La Chine est-elle ou non impérialiste ? Cette question a fait l’objet de nombreuses discussions parmi nous. D’un côté, la Chine est un régime qui, sans révolution prolétarienne, a réussi à se débarrasser de l’emprise impérialiste ; d’un autre côté, toujours en essayant de garder son indépendance, elle est parvenue à s’intégrer dans l’économie capitaliste. Grâce à une révolution, nationaliste mais profonde, elle a pu un peu secouer le joug et dire non plusieurs fois à l’impérialisme américain.

Alors, pour le moment, on est encore en paix au sens où il n’y a pas de guerre entre les États-Unis et la Chine, alors que des guerres ont lieu un peu partout sur la planète. On apprend par exemple à la lecture des journaux qu’un conflit oppose l’Azerbaïdjan et l’Arménie.

La question qui se pose à la société est : qu’est-ce qui pourrait déclencher la guerre entre les États-Unis et la Chine ? Les commentateurs mettent en avant des questions ponctuelles, comme si la guerre était déclenchée par un événement ponctuel qu’on pourrait éviter. Récemment, c’est la rivalité économique qui est revenue sur le devant de la scène, avec une escalade, verbale pour le moment, entre la Chine et les États-Unis. « La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine reprend brutalement, entre terres rares et droits de douane » écrivait Le Monde des 12 et 13 octobre 2025, ajoutant : « Après l’annonce par Pékin d’un contrôle des produits faits à l’étranger, mais contenant des terres rares chinoises, Donald Trump a menacé d’imposer des taxes supplémentaires de 100 % dès le 1er novembre. »

L’affrontement a été déclenché par les États-Unis, par leur décision de taxer les navires chinois accostant dans les ports américains et la création par le département du commerce américain d’une liste noire d’entreprises chinoises. La Chine a donc répliqué en annonçant des contrôles drastiques sur l’utilisation des terres rares sur lesquelles elle a un quasi-­monopole. Soit dit en passant, les métaux rares ne sont pas si rares que cela et sont très spécifiques, avec des propriétés particulières qui leur permettent de jouer un rôle essentiel dans diverses fabrications.

Rendons-nous compte, il faudrait que le gouvernement américain demande au Parti communiste chinois l’autorisation d’utiliser des terres rares. Un livre intéressant, Métaux : le nouvel or noir. Demain la pénurie ? explique que les deux tiers de la production sont chinois.

Cette guerre du bluff met en évidence l’aberration de la division nationale, qui existe dans un monde où l’on trouve de tout, alors que l’humanité n’aurait aucun problème à gérer rationnellement ces ressources mondiales. Ce dont la société souffre c’est de ces obstacles, les frontières, devenus totalement artificiels. La Corée, pour y revenir, en est un bon exemple, s’agissant d’un seul pays, où tout le monde parle la même langue, mais coupé par des barbelés en deux, en une séparation totalement artificielle, qui n’existe qu’à cause de l’impérialisme.

Le piège de Thucydide

Objectivement, nous sommes d’accord avec ceux qui pensent probable une guerre entre les États-Unis et la Chine. Aujourd’hui, les commentateurs ne parlent que de Taïwan. À un certain niveau, l’existence de Taïwan est un peu comme l’existence d’Israël. Taïwan pourrait être le point de départ de la prochaine guerre. Mais cela pourrait aussi bien être les terres rares. Les Échos disent que c’est du bluff. Peut-être, mais les enchères montent.

De part et d’autre, ils en font un enjeu de pouvoir. Les dirigeants chinois ne veulent pas que le gouvernement américain décide pour eux, et vice-versa. L’impérialisme impose un rapport de force. Jusqu’où les États-Unis peuvent-ils aller ? Ils sont la puissance dominante et à moins d’accepter de subir une défaite, ils ne peuvent pas reculer et céder à la Chine. Ce serait démissionner, ce serait laisser tomber la compétition et le rapport de force. Pour le moment les États-Unis dominent encore dans ce rapport de force. La Chine n’est pas loin, elle a beaucoup progressé et la grosse crainte des États-Unis serait qu’elle finisse par occuper une position où les États-Unis ne pourraient plus lui imposer ce qu’ils veulent. En réalité, ce que l’impérialisme américain n’a jamais vraiment accepté est qu’un Mao soit en position de lui dire « Merde ! » C’est un ensemble. Et pour préciser le proverbe africain cité tout à l’heure, on pourrait se référer au « piège de Thucydide » qui considère, à propos de la guerre du Péloponnèse, au 5siècle avant notre ère : « Ce fut la montée en puissance d’Athènes et la peur qu’elle inspira à Sparte qui rendirent la guerre inévitable. » Un schéma que l’on peut appliquer à la situation des États-Unis face à la Chine.

Devant cette évolution possible, notre confiance est dans le prolétariat chinois, qui a bien plus de moyens politiques que n’en avait la classe ouvrière chinoise au moment de sa précédente révolution, en 1925-1927.

Sur le Moyen-Orient

le 7 octobre 2023 et ses conséquences

Concernant le Moyen-Orient, une phrase a encore fait particulièrement discuter, celle qui parle de la guerre déclenchée par le Hamas le 7 octobre 2023.

Des camarades ont rappelé que la guerre entre Israël et les Palestiniens ne date pas de l’attaque du 7 octobre, qu’elle est essentiellement le résultat de la politique sioniste et impérialiste et que parler ainsi semble en rejeter toute la responsabilité sur le Hamas. Bien sûr, cette guerre dure même depuis au moins un siècle, d’avant même la création d’Israël. Le texte revient d’ailleurs sur le sionisme et sur le fait que l’entreprise d’extermination à laquelle on a assisté à Gaza est dans la logique du sionisme, du moins dans sa logique ultime, puisqu’il a été depuis le début la négation du droit à l’existence d’une population palestinienne là où s’est installée une colonisation juive.

Mais là, ce que nous commentons, c’est précisément la guerre, l’affrontement auquel on a assisté depuis plus de deux ans à Gaza. Bien sûr, c’est un épisode de plus d’un affrontement qui se déroule avec des hauts et des bas depuis un siècle. Le conflit armé se situe dans ce contexte, auquel s’est ajoutée une montée récente des tensions. Donc il devait éclater à un moment ou à un autre de façon ouverte et la responsabilité première en revient aux dirigeants israéliens, qui ont sciemment placé la population palestinienne dans une impasse, et en particulier la population de Gaza, à laquelle ils ont imposé depuis des années un blocus complet, sur tous les plans.

Dans une guerre, il peut y avoir des épisodes et cette guerre de Gaza, appelons-la comme ça, a bien été déclenchée le 7 octobre 2023. Il y a des gens qui ont décidé de lancer cette offensive, en l’occurrence la direction politique du Hamas, et nous avons le droit de discuter le calcul qu’ils ont fait, en nous plaçant du point de vue de la population palestinienne et de sa lutte contre l’oppression qu’elle subit, le seul point de vue qui peut nous intéresser en tant que révolutionnaires. Le Hamas se prétend le représentant de la population palestinienne qui lutte pour faire reconnaître ses droits. Eh bien, même en faisant abstraction du fait qu’il est nationaliste et même islamiste intégriste, ce qui n’est évidemment pas notre politique, demandons-nous si cette initiative a fait avancer d’un pouce la lutte des Palestiniens pour leurs droits.

Poser la question, c’est y répondre. Les dirigeants du Hamas ont déclenché cette offensive en voulant remettre à l’ordre du jour la question palestinienne que tout le monde avait réussi à faire passer sous le tapis. C’est d’ailleurs ce qui a valu au Hamas, au moins dans les jours suivant le 7 octobre, un sursaut de popularité parmi les Palestiniens réfugiés au Liban, par exemple, et plus généralement dans les pays arabes. Beaucoup parmi eux se sentaient vengés, contents de voir qu’enfin des combattants attaquaient Israël et même les Israéliens ; un peu comme cela se passe dans une guerre, une guerre classique où, au moins au début, une population peut être contente de voir l’armée de son pays passer à l’offensive. Mais, dans ce cas, elle se trompe car cette guerre n’est pas une guerre pour la défense de ses intérêts. Nous avons écrit que si la question palestinienne a bien ainsi été remise sur le tapis, cela a été de la pire façon, toujours du point de vue de la population palestinienne elle-même.

Il y a d’abord la méthode, celle qui a consisté à se livrer au massacre de près de 1 200 Israéliens – et pas seulement, il y a eu aussi des ouvriers agricoles thaïlandais parmi les victimes. C’était le moyen le plus sûr de provoquer l’unité nationale en Israël derrière Netanyahou, au moment où il était en difficulté. Il pouvait dire : « Vous voyez bien, nous sommes entourés d’ennemis qui veulent tuer tous les Juifs et donc ma politique de guerre à outrance aux Arabes est bien la seule juste. » Si la méthode du Hamas, cette offensive contre des civils débouchant sur la prise d’otages, est à condamner, ce n’est donc pas seulement moralement mais politiquement. Elle donnait des armes à Netanyahou, dressait la population israélienne contre les Palestiniens. Elle montrait combien les dirigeants du Hamas se moquaient de l’opinion de la population israélienne, mais aussi au fond combien ils se moquaient des intérêts de la population palestinienne elle-même, en l’occurrence celle de Gaza.

Et puis, dans une guerre, même dans une guerre entre armées et États bourgeois, les gouvernements se posent parfois un peu la question des conséquences pour leurs populations civiles et prennent certaines mesures pour la protéger ; ou s’ils ne peuvent pas la protéger, alors ils peuvent aussi se demander s’ils ont vraiment les moyens de mener cette guerre. Mais, dans ce cas, la riposte d’Israël et la façon dont les dirigeants israéliens allaient faire payer la population civile de Gaza étaient parfaitement prévisibles et il est évident que cela n’est pas entré en ligne de compte dans les calculs des dirigeants du Hamas. Ce qui les intéressait était de rappeler qu’ils étaient là, qu’il fallait compter avec eux, ils faisaient leur calcul en tant que petit appareil au pouvoir à Gaza. Cet appareil voulait être reconnu, avoir sa place parmi les dirigeants arabes qui étaient en train de concocter les fameux accords d’Abraham avec Israël, et même si possible torpiller ces accords tant qu’on ne leur faisait pas une place.

Évidemment, vu le rapport de force militaire entre l’armée ­d’Israël avec ses moyens et la petite armée que constituait le Hamas, c’était une tentative suicidaire. Mais les dirigeants du Hamas ont estimé que mener ce genre d’offensive était leur seule carte et qu’ils devaient la jouer. Et, dans ce calcul, ce qui allait arriver à la population de Gaza et même de Cisjordanie, que le gouvernement israélien d’extrême droite n’attendait qu’un prétexte pour attaquer, était un élément qui n’entrait absolument pas en ligne de compte.

Il n’y a dans cette politique du Hamas évidemment rien d’une politique prolétarienne, cherchant à défendre les intérêts du prolétariat palestinien ou israélien. Cela ne nous étonne pas de la part d’une telle organisation nationaliste, qui ne se sert de son peuple que pour défendre ses propres intérêts de clique dirigeante. Cela dit, il peut y avoir des nationalistes qui se soucient un peu plus de leur peuple et même qui peuvent dans certaines circonstances faire un peu avancer sa lutte. Là, ils ont fait un choix qui amenait tout droit au massacre, pratiquement le suicide de Gaza et de sa population. Est-ce que cela aura aussi été un suicide pour le Hamas en tant qu’organisation ? En fait, ce n’est pas sûr du tout car, d’une façon ou d’une autre, il aura encore un rôle à jouer, lui, ses dirigeants ou une partie d’entre eux. Il n’y a qu’à voir comment Trump, dans l’application de son prétendu plan de paix, semble bien comprendre qu’il faut savoir utiliser le Hamas pour contrôler Gaza.

En fait, dans les discussions que nous avons à ce propos, il y a une question sous-jacente : Mais alors que fallait-il faire ? Autrement dit : « Vous critiquez le Hamas, mais il fallait bien que quelqu’un se décide à prendre l’initiative de la guerre contre la politique d’Israël, insupportable pour la population de Gaza. » Eh bien, nous ne raisonnons pas ainsi. En tant que militants, nous ne considérons pas qu’on doive se considérer comme des chefs qui s’arrogent le droit de décider, à la place de la population et des travailleurs, d’en faire les sujets d’une épreuve de force. Des militants doivent lutter avec cette population, défendre leurs idées en son sein, avec les méthodes et les traditions du mouvement ouvrier révolutionnaire, aussi longtemps que nécessaire. C’est vrai à Gaza, en Palestine et en Israël comme ailleurs.

Sur le terme « génocide »

Il y a aussi un mot à dire sur l’utilisation ou pas du terme génocide. Cela entraîne des discussions et c’est un peu entrer dans un piège. En ce qui nous concerne, s’agissant de tueries de masse qui atteignent une telle ampleur, nous pourrions utiliser ce terme ou celui de massacre presque indifféremment. Quand on tue les gens en masse, il n’y a pas à faire une échelle de valeurs, c’est de toute façon criminel. Mais, dans la presse, et surtout dans le langage des organismes internationaux, le terme de génocide a une signification précise, juridique. Il y a une définition adoptée en 1948 par l’Assemblée générale des Nations unies dans le cadre d’une Convention internationale pour la prévention et la répression du crime de génocide. La France en a adopté une définition un peu modifiée trois ans plus tard, en 1951.

À partir de là, l’ONU et des juristes internationaux discutent savamment, quand un massacre se déroule quelque part, pour savoir s’il mérite ou non d’être qualifié de génocide, en fonction des critères retenus dans les différentes définitions : est-ce que le massacre a eu vraiment une grande ampleur ? A-t-il été commis en fonction de l’appartenance à une nation, à une ethnie, dans l’intention ou non de faire disparaître cette ethnie ? Mais si un massacre de masse n’est pas un génocide, c’est quoi ? C’est donc un massacre indifférencié. Par exemple, les bombes d’Hiroshima étaient-elles une tentative de génocide ? De savants juristes nous diront que non, cela faisait partie d’une guerre. On pourrait leur répondre que c’était bien un génocide car les personnes visées étaient bien les Japonais habitant cette ville, visés en tant que Japonais.

En fait, cette définition juridique revient, d’une façon plus ou moins explicite, à établir une gradation dans les crimes de masse de l’époque impérialiste. Elle sous-entend qu’écraser une population à cause de son appartenance ethnique serait condamnable, mais que l’écraser sous prétexte de se défendre dans le cadre d’une opération de guerre, au fond, ne le serait pas autant. C’est évidemment un terrain dangereux. En fait, d’ailleurs, la qualification d’un massacre comme un génocide, au sens juridique et au sens du fameux « droit international », de la part d’une institution ou d’un tribunal quelconque, n’a pas vraiment de conséquences, sauf peut-être de permettre de condamner un sous-fifre ou de considérer que l’État qui l’a commis doit indemniser ses victimes, s’il le veut bien, comme l’a fait en partie l’Allemagne vis-à-vis des Juifs après la guerre.

En tout cas, ce débat comporte un piège dans lequel on n’a pas envie de tomber. Les camps en présence nous guettent, les pro-israéliens pour dire : « Ce n’est pas un génocide, c’est une guerre de défense », et les propalestiniens pour dire : « Si vous ne dites pas que c’est un génocide, alors vous êtes du côté d’Israël. » Pour nous, c’est plus simple, un massacre est un massacre et nous le dénonçons tel qu’il se déroule, avec ses tenants et aboutissants, et pas en fonction d’une sorte de hiérarchie morale.

Donc, en ce qui concerne ce qui se passe à Gaza, nous employons indifféremment les termes de massacre, de guerre d’extermination ou de génocide, sans nous soucier de la hiérarchie que d’autres commentateurs mettent entre ces termes. En fait, ce qui a changé est que la presse s’est mise souvent à parler de génocide à propos de ce qui se passe à Gaza et il n’y a pas à sembler être en retrait ou d’une certaine façon excuser Israël en n’utilisant pas le terme. Mais, sur le fond, pour qualifier la politique impérialiste vis-à-vis des Palestiniens comme criminelle, nous n’avons pas besoin de ce type de distinction.

Dans tous les cas, il y a une chose qui est vraie, c’est que pour qualifier la barbarie à laquelle nous assistons, les mots parfois nous manquent, et toutes les dénonciations que nous pouvons faire resteront encore en dessous de la réalité !

Sur la situation en France

Nos discussions ont été variées. Ici, on a discuté de LFI, là du RN, là encore des municipales. La préparation de la France à la guerre a aussi été beaucoup discutée. Des camarades ont regretté qu’il n’y ait rien, dans ce texte, sur la marche à la guerre, surtout après la déclaration du général Mandon sur le sacrifice nécessaire de nos enfants et l’annonce du rétablissement d’un service militaire.

Sur la marche à la guerre

Il n’y a pas de développement particulier parce que les causes profondes de la marche à la guerre ainsi que son rythme sont liées à la marche du capitalisme mondialisé, à sa phase suprême, comme disait Lénine, l’impérialisme, avec ses contradictions et ses crises, ce que l’on développe tout au long du premier texte… L’agitation de Macron pour faire exister la France ou l’Union européenne dans ce jeu impérialiste est celle d’un acteur de second rôle : pas insignifiant mais pas décisif.

Pour l’instant, en France, la marche à la guerre se traduit essentiellement par de la propagande. Nous sommes sous le feu roulant d’une intense propagande anti russe et anti chinoise entretenue par les médias et par des postures martiales de Macron ou d’un chef d’état-major pour, selon leurs dires, « que la France se réarme moralement ». Déjà, en 2020, avant le début de la guerre en Ukraine, le chef d’état-major, Burkhard, avertissait : « Les conflits durs entre États restent possibles voire probables. L’armée de terre doit plus que jamais être prête à produire d’emblée de la puissance militaire pour faire face à un péril inattendu, en sachant encaisser les chocs avec résilience. » Il ajoutait : « La société française s’est éloignée du tragique et de l’histoire. Elle ne prépare pas ces jeunes aux responsabilités exorbitantes qu’ils auront à 25 ans, l’âge des premiers engagements opérationnels, des premiers morts. Nous devons les faire mûrir le plus vite possible. » C’était passé plus inaperçu que la sortie du général Mandon, mais c’était dans la même veine.

Ils travaillent les esprits, ils mettent en scène la menace russe, ils essayent de faire vibrer la corde patriotique, évoquent la défense de la patrie… Ils travaillent, pour reprendre une expression de Rosa Luxemburg, à la « fabrication de la guerre » dans l’opinion publique. Alors, est-ce que ça marche ? Sans doute en partie. En tout cas – nous le mesurons dans nos discussions – le gouvernement, l’état-major, les médias ont réussi à installer l’idée de la guerre, l’idée que l’on doit avoir peur de la Russie et qu’il faut être capables de se défendre et cela inquiète. Quant au retour d’un service militaire, il n’est pas du tout mal vu, tout comme l’augmentation du budget de l’armée.

Cette propagande renforce le sentiment d’unité nationale, à l’opposé de la conscience de classe nécessaire. Sentiment déjà largement propagé par les idées protectionnistes et souverainistes défendues par tous les partis et syndicats comme le seul moyen de mettre fin aux licenciements et aux fermetures d’entreprises. Cette propagande, avec l’ambiance guerrière qui l’accompagne, entretient aussi le sentiment d’impuissance des travailleurs face à une situation qui s’aggrave sur tous les plans. Comment imaginer empêcher une nouvelle guerre mondiale quand on n’arrive même pas à se battre pour son salaire ! C’est quelque chose que l’on entend régulièrement quand on discute.

Et que peuvent ressentir aujourd’hui ceux qui se sont solidarisés des Palestiniens, sinon un immense sentiment de défaite ? Le message que les grandes puissances ont envoyé de Gaza, c’est : « Restez à votre place ! Et regardez ce que l’on fait à ceux qui ne se soumettent pas ! »

Alors oui, tout cela pèse, mais il s’agit plus d’un bruit de fond que d’une préoccupation quotidienne. Car la marche à la guerre se fait à petits pas. La guerre n’est pas imminente. Et cela fait partie des problèmes du gouvernement. Il se doit de maintenir une forme de tension alors même qu’il sait que la Russie ne va pas attaquer demain. Il se sert de la menace russe et de la guerre en Ukraine pour préparer les esprits. Encore une fois, les kits de survie, les plans des agences régionales de santé et des hôpitaux pour accueillir les blessés, cela relève encore surtout de l’opération de propagande.

Économie de guerre : le patronat prudent

La préparation matérielle et militaire à la guerre reste elle-même très progressive. Regardez le nouveau service militaire : ils l’ont conçu, pour l’instant, au volontariat. Pour 2026, cela concerne une toute petite minorité de jeunes : 3 000. Leur objectif est de monter à 50 000 d’ici à 2030, chiffre limité quand 750 000 jeunes ont 18 ans. Macron a parlé de la nécessité de transformer l’économie en « économie de guerre » le 13 juin 2022, lors d’un Salon de la défense. Là encore, cela relevait plus de la propagande que de la réalité.

Le secteur de la défense monte en cadence, les profits des marchands d’armes et leurs cours boursiers ont bondi, mais l’économie ne s’est pas du tout transformée en économie de guerre. Rien à voir avec ce qui se passe en Russie, ni même en Ukraine. L’État ne s’en donne pas encore réellement les moyens, même si le gouvernement a augmenté le budget militaire. Et la bourgeoisie ne va pas se mettre à investir massivement si elle n’est pas sûre des commandes et des profits à en attendre. Des camarades de Dassault ont signalé que, contrairement à ce qu’annonce la presse, à savoir un triplement de la production de Rafales, Dassault n’arrivait pas à tenir ses cadences parce que les multiples sous-traitants dans la chaîne de production ne suivaient pas.

On peut prendre aussi l’exemple de la Fonderie de Bretagne, qui fabriquait des pièces en fonte pour l’automobile. Elle a été reprise par Europlasma, qui a prétendu réorienter son activité en production d’obus. Europlasma promettait 250 000 obus dès 2025, le double en 2026 ! Aujourd’hui, six mois après la reprise, aucun obus n’est sorti de l’usine, rien n’a été fait pour adapter l’outil de production et les ouvriers craignent la fermeture du site. Le même margoulin a repris les Forges de Tarbes et Valdunes, dans le Nord, où l’activité devait être aussi réorientée vers l’armement. Les salariés y dénoncent le même manque d’investissement et d’activité.

Pas de réquisitions, pas de contrôle de l’État, pas de planification, toujours la concurrence, y compris entre des acteurs aussi majeurs que Thales et Naval Group, entre Thales Group et Airbus Defence and Space… Dans ce domaine, comme dans les autres, le gouvernement bourgeois laisse toute liberté aux actionnaires et aux marchandages capitalistes, et il est incapable de réellement anticiper et planifier. En 1914, alors que la guerre était prévisible depuis sept ou huit ans, que la mobilisation générale avait été anticipée, le service militaire porté à trois ans, ce n’est qu’après le début de la guerre que les capitalistes, en France aussi bien qu’en Allemagne, se sont mis en ordre de marche. Et ils l’ont fait sous la contrainte de l’État, en ménageant bien sûr leurs profits.

Il a fallu attendre septembre 1914 pour que Millerand – le premier socialiste entré, en 1899, dans un gouvernement bourgeois aux côtés de Galliffet, un des massacreurs de la Commune, et qui était donc devenu ministre de la Guerre en 1914 –, convoque chefs de l’armée et grands patrons de l’industrie pour qu’ils mettent en œuvre des programmes de production, trouvent les fournisseurs, etc. Selon un historien : « L’improvisation régnait, avec ses incohérences ; il fallut entre deux et trois trimestres pour que la machine de guerre monte réellement en puissance. » Certes le gouvernement et l’État se préparent à la guerre, mais on est loin de la cohorte disciplinée qui applique un plan préétabli. On est dans une société capitaliste dominée par la bourgeoisie et les lois du marché, et rien n’y est organisé rationnellement, pas même la préparation à la guerre. Et, aujourd’hui, c’est sûr, les affaires continuent comme à leur habitude, c’est « business as usual » comme on dit !

Et c’est la politique politicienne « as usual » ! La marche à la guerre n’est pas du tout un enjeu de la crise politique. Elle ne fait même pas partie du débat. On entend des voix discordantes. Le RN et LFI comme le PCF se donnent un petit air pacifiste en dénonçant les déclarations, martiales des uns et des autres, qu’ils accusent de mettre de l’huile sur le feu au lieu de faire jouer la diplomatie. Mais ce n’est pas un vrai sujet de discorde parce que, sur le fond, ils sont bien sûr tous d’accord pour augmenter les capacités militaires. Ils parlent tous de la nécessité de mener des guerres quand elles sont justes. Comprendre : si nous sommes attaqués, il faudra bien se défendre !

Mais, encore une fois, ce n’est pas du tout la question de la guerre qu’ils veulent mettre en avant. Ce qui occupe les partis aujourd’hui, c’est leurs clowneries à l’Assemblée nationale, la prétendue nationalisation d’ArcelorMittal, la compromission du PS avec les macronistes, leurs éventuelles alliances pour les municipales, la course à la présidentielle. Et, en ce qui concerne la campagne des municipales, ils ne vont pas la faire en expliquant qu’il faut se préparer à ce que nos enfants revêtent l’uniforme et partent à la guerre dans les années à venir, mais ils la font sur la cantine gratuite, la gratuité des frais de la rentrée scolaire ou des transports en commun…

Notre politique face à la guerre

Pour notre part, nous ne devons pas minimiser la campagne autour de la marche à la guerre. Au-delà de la propagande, il y a une réalité : l’impasse et la sénilité du système capitaliste, la rivalité exacerbée pour se disputer les marchés, le choix fait par Trump d’aggraver le protectionnisme, tout cela pousse à la guerre à une échéance ou à une autre. Et c’est alors que tout se précipitera. Il faut s’y préparer.

Nous devons nous appuyer sur les sentiments divers et multiples suscités par cette mise en condition, pas pour minimiser la marche à la guerre, mais pour convaincre que ce sera une guerre impérialiste. Une guerre pas pour défendre « nos valeurs », « nos libertés », mais les intérêts des capitalistes français (puisque nous sommes en France), et que « l’ennemi principal est dans notre propre pays ». Nous ne devons pas le faire dans un sens pacifiste. Nous dénonçons la restauration du service militaire parce qu’elle est une étape de plus dans la préparation à la guerre. Parce que le service militaire a toujours été le moyen d’embrigader la jeunesse et d’en faire de la chair à canon pour la bourgeoisie. Ce n’est pas qu’on rejette l’usage des armes et la violence. Aucune révolution ne peut vaincre sans l’armement des travailleurs et l’affrontement armé pour briser l’État bourgeois.

Et ce n’est pas le fait de risquer sa peau que l’on doit dénoncer. Que des jeunes soient prêts à s’engager pour une cause plus grande qu’eux, c’est une bonne chose. Mais pour quelle cause et derrière quels dirigeants ? Pour perpétuer l’ordre capitaliste et les privilèges des impérialistes ? Dans le passé, quand le service militaire était obligatoire, nos camarades ne tentaient pas spécialement d’y échapper. Beaucoup auraient pu l’éviter car les étudiants avaient les moyens de repousser leur service et de le remplacer par un service civil ou autre. Mais l’organisation leur conseillait plutôt d’y aller, surtout pour se lier à des prolétaires et accessoirement pour apprendre à manier des armes.

« Accessoirement », car tous les camarades qui ont fait le service militaire expliquent que le premier enseignement de l’armée, ce n’est pas de se servir des armes, mais d’apprendre l’obéissance aveugle et les préjugés patriotiques sous les ordres de galonnés. Et un autre camarade a fait remarquer que les jeunes trafiquants savent très bien manier la kalachnikov sans être passés par le service militaire ! Ce choix de faire le service militaire était conforme à l’idée que les révolutionnaires n’ont pas à fuir la guerre, ils n’ont pas à fuir la mobilisation plus ou moins générale qui se produira, mais à être aux côtés de leur classe, à l’usine comme dans l’armée.

Quant aux jeunes qui se disent contre le service militaire ou contre la guerre en disant « ce sera sans moi », ou « s’il y a la guerre, je partirai à l’étranger », il faut discuter. Leur dire que la solution ne peut pas être dans des gestes individuels, si tant est qu’ils soient possibles, et qu’ils n’y échapperont pas plus que les autres.

Hormis une montée révolutionnaire, rien n’arrêtera le rouleau compresseur quand le gouvernement, l’état-major et les médias le lanceront. La Première et la Deuxième Guerre mondiale le montrent, alors que la conscience de classe était sans commune mesure avec celle d’aujourd’hui, alors qu’il existait, à la veille de 1914, un vrai courant antimilitariste porté par le mouvement socialiste qui, jusqu’à la veille de la guerre, disait qu’il ne ferait pas la guerre. On le voit par exemple dans Les Damnés de la terre, le roman autobiographique d’Henri Poulaille. Aujourd’hui, on part encore de plus loin. Et le retard de préparation entre la bourgeoisie et notre camp ne cesse de se creuser. Donc, oui, il faut réfléchir à tout cela. Essayer d’anticiper pour s’y préparer moralement, politiquement. Quand la guerre sera imminente, tout cela s’accélérera et changera du tout au tout. Les conditions de travail, de vie, les libertés publiques changeront brutalement pour tout le monde.

L’économie de guerre, la vraie, c’est aussi la militarisation des travailleurs. Pour l’instant, ce sont ceux qui travaillent pour l’armement ou ceux de l’automobile qui apprennent que leur usine peut se reconvertir dans l’armement, qui réfléchissent à leur responsabilité dans une prochaine guerre. Mais, dans un contexte de guerre, tous les travailleurs sont embrigadés et sont des chaînons de l’appareil de guerre, l’intérimaire qui fabrique des obus, comme les conducteurs de train et les profs qui serviront d’agents de propagande et de recrutement pour l’armée.

Les conditions de militantisme n’auront, elles non plus, rien à voir. Aujourd’hui, on peut encore répondre et opposer au discours de Mandon un tweet citant les paroles de L’Internationale : « S’ils s’obstinent, ces cannibales, à faire de nous des héros, ils sauront bientôt que nos balles sont pour nos propres généraux. » On peut le faire sans subir de poursuites pour haute trahison. En cas de guerre, tout cela, ce sera du passé. Comment l’organisation tiendra-t-elle, comment pourrons-nous maintenir les liens militants, tiendrons-nous contre la vague patriotique ? C’est à cela qu’il faut aussi se préparer. Pour l’heure, il faut suivre la ligne que traçait Trotsky :

« Le révolutionnaire se fraye sa route avec sa classe. Si le prolétariat est faible, attardé, le révolutionnaire se borne à faire un travail discret, patient, prolongé et peu reluisant, créant des cercles, faisant de la propagande, préparant des cadres ; avec l’appui des premiers cadres qu’il a créés, il parvient à agiter les masses, légalement ou clandestinement, selon les circonstances.

Il fait toujours une distinction entre sa classe et la classe ennemie et n’a qu’une seule politique, celle qui correspond aux forces de sa classe et les raffermit.

Le révolutionnaire prolétarien, qu’il soit français, russe ou chinois, considère les ouvriers chinois comme son armée, pour aujourd’hui ou pour demain. »

Cette citation est tirée du texte écrit par Trotsky en juin 1931 en réponse à l’ouvrage Les Conquérants, d’André Malraux, texte intitulé « De la révolution étranglée et de ses étrangleurs », que l’on retrouve dans La Révolution permanente. Trotsky y développe tout un raisonnement sur la politique criminelle de l’Internationale communiste et des Borodine en Chine, mais cette citation, même prise isolément, a beaucoup de valeur.

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