Logement : un droit fondamental à conquérir

Selon la fondation Abbé-Pierre, quatre millions de personnes sont sans logis ou mal logées, et 14,6 millions sont considérées comme fragilisées par la crise du logement. Parmi les 300 000 SDF – le double d’il y a dix ans ! - beaucoup sont chômeurs, mais il y a aussi des travailleurs dont le salaire, trop faible, ne leur permet pas de payer un loyer. Beaucoup de migrants, ayant fui la guerre ou la pauvreté dans leur pays, survivent dans des campements, véritables bidonvilles. Cette incapacité à loger dignement la population laborieuse dans un des pays les plus riches du monde fait partie des signes les plus révoltants de la barbarie de notre société.
Dans le système capitaliste, le logement est une marchandise comme les autres, soumise à la loi de l’offre et de la demande. Tous ceux qui interviennent sur ce marché - promoteurs immobiliers, entrepreneurs du BTP, gestionnaires de biens… - n’y voient qu’une source de profit, sans avoir à se préoccuper des conséquences sociales de leurs choix. Et ces dernières années, la spéculation a encore aggravé la crise du logement, faisant exploser les prix. Les travailleurs sont condamnés à habiter toujours plus loin des centres-villes, ce qui multiplie d’autres dépenses, en transports par exemple, et rallonge les journées de travail.
Non seulement les pouvoirs publics ont laissé la situation se dégrader, mais ils ont contribué à l’aggraver. Même les logements dits sociaux ont vu leur prix augmenter de 154 % en 20 ans ! Pour la catégorie de HLM dont les loyers sont les moins chers, les constructions ont chuté de 34 000 en 2016 à 32 000 en 2021, très loin des 40 000 par an annoncés. Entre 2018 et 2022, l’État a privé les organismes HLM de six milliards d’euros. À cela se sont ajoutées les coupes budgétaires sur les APL, quatre milliards d’euros en 2022.
Depuis des années, quelle que soit l’étiquette politique du président et de ses ministres, c’est la même politique qui est menée : pour pouvoir subventionner toujours davantage la classe capitaliste, l’État ne cesse de se désengager du secteur du logement social, qui tombe de plus en plus sous l’emprise de la finance. Même en restreignant les dépenses pour l’entretien et les rénovations, l’endettement des HLM auprès des banques va croissant.
Alors oui, il faudrait en urgence que toutes les communes puissent héberger les sans-abris. On n’avance pas, parce que tous ceux qui se hissent au pouvoir sont trop respectueux des intérêts des propriétaires, des promoteurs et des spéculateurs de l’immobilier ! Parce que, pour eux, la loi du marché et de la propriété privée est supérieure au droit d’avoir un toit sur sa tête !
La loi qui permet de réquisitionner les logements vides existe déjà. Il faut l’appliquer, tout de suite, et réquisitionner des appartements ou des bureaux appartenant à des grands groupes et les transformer en logements sociaux. En Ile-de-France, il y a plus de 400 000 logements inhabités et plus de 3 millions de mètres carrés de bureaux vides. Il faut aussi réquisitionner une partie des logements sous-occupés par la bourgeoisie. Parce qu'il n'est pas supportable que des familles s'entassent dans des chambres de dix mètres carrés, pendant que des appartements de quatre cents mètres carrés sont occupés par une seule famille, voire par des personnes seules. En peu de temps, l'État pourrait sortir d'un enfer quotidien les millions de personnes livrées à la rue ou à un habitat provisoire.
Les réquisitions, même massives, ne pourraient pas couvrir tous les besoins. Pour sortir de la crise actuelle, il faut un véritable service public du logement, car il faut que l'État construise, en grand nombre et de toute urgence, les logements sociaux, en embauchant directement la main-d’œuvre nécessaire, et qu'il les loue à prix coûtant.
Quand il s’agit d’envoyer les gendarmes pour exproprier un petit propriétaire, l'État bourgeois le fait sans problème ! Eh bien les travailleurs au pouvoir se donneraient les moyens de réquisitionner les terrains, y compris dans les quartiers bourgeois, pour garantir un logement correct à chacun.
Pour que la construction de logements pour les classes populaires passe avant la construction de palaces, les travailleurs auront à se mobiliser et à s’organiser pour l’imposer !
L’économie capitaliste est incapable de résoudre définitivement la question du logement, comme elle est incapable de répondre aux besoins les plus vitaux de la population. Pour en finir avec la crise du logement, les travailleurs devront renverser le pouvoir de la bourgeoisie et exproprier les grands groupes capitalistes. En prenant en main les rênes de l’économie, ils pourront planifier la construction du nombre de logements nécessaires à l’échelle de la société pour garantir à toutes et à tous ce droit élémentaire de disposer d’un toit correct.