Chômeurs en fin de droits : Mieux vaut être banquier14/04/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2176.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Chômeurs en fin de droits : Mieux vaut être banquier

Avec la crise, le nombre de chômeurs en fin de droits, c'est-à-dire tous ceux qui ne sont plus indemnisés, explose. En 2009 ils étaient près de 850 000 et, au cours de l'année 2010, ils seront près d'un million à se retrouver dans cette situation dramatique.

Ces chômeurs en fin de droits peuvent théoriquement toucher des allocations comme l'ASS (allocation de solidarité spécifique) ou le RSA (revenu de solidarité active, le successeur du RMI). Mais les conditions d'attribution de ces allocations sont tellement restrictives que, d'après les chiffres mêmes de Pôle emploi, près de 360 000 chômeurs, sur le million qui seront en fin de droits, n'y auront pas droit et ne toucheront donc plus un euro. L'ASS par exemple est réservée à ceux qui ont travaillé au moins cinq ans durant les dix dernières années. Quant au RSA, les jeunes de moins de 25 ans n'y ont pas droit, ni les personnes dont le conjoint travaille et dont les revenus mensuels dépassent 1 700 euros. Quant à ceux - 640 000 personnes - qui toucheront l'ASS ou le RSA, il leur faudra vivre avec moins de 500 euros par mois, ce qui est impossible.

La situation risque donc de devenir explosive pour ces centaines de milliers de chômeurs jetés dans la misère. Le gouvernement, le Medef et les syndicats gestionnaires de l'Unedic, la CFDT et FO, seraient parvenus, d'après le journal Le Monde, à la mise en place d'un plan d'aide qui permettrait de mettre 860 millions d'euros sur la table, pour donner à ces chômeurs en fin de droits des formations rémunérées, des contrats aidés ou une allocation temporaire de crise.

Les formations seraient financées par l'État, le fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels et l'Unedic. L'État financerait 50 000 nouveaux contrats d'initiative emploi. Quant à l'allocation temporaire de crise - d'un montant de 465 euros, équivalent à l'ASS - elle serait versée, d'après le journal Les Échos, pendant six mois à 80 000 chômeurs n'ayant droit à aucune aide, à la condition expresse qu'ils n'aient pas refusé une formation ou un contrat aidé.

Avec ces mesures, le gouvernement pourra peut-être essayer d'affirmer qu'il a atteint l'objectif fixé par Sarkozy, qui avait déclaré en janvier 2010, qu'il ne laisserait « sans solution » aucun chômeur arrivant en fin de droit. Mais rien ne prouve que cette solution en sera une. Car on sait que penser de ces formations payées par l'argent public qui ne débouchent que rarement sur une embauche, ou de ces contrats aidés qui « aident » surtout les patrons à payer moins de charges sociales. Et que dire de cette allocation temporaire de crise limitée à six mois comme si dans six mois, celle-ci devrait être terminée ?

Mais le pire dans tout cela, c'est que le financement de ces projets n'est même pas encore clairement défini, les négociateurs prétendant avoir du mal à réunir les millions nécessaires. Ah, si les chômeurs étaient des banquiers, les aides viendraient bien plus vite !

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