Nos lecteurs écrivent - Ikea Parinor 2 (Seine-Saint-Denis) : La grève, ça change l'ambiance14/04/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2176.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Nos lecteurs écrivent - Ikea Parinor 2 (Seine-Saint-Denis) : La grève, ça change l'ambiance

Au magasin Ikea de Parinor 2 (Seine-Saint-Denis), qui compte 300 employés, comme dans de nombreux magasins Ikea, nous avons fait grève pour des augmentations de salaire. Une première grève a éclaté au début du mois de février, quand nous avons appris qu'il n'y aurait aucune augmentation en 2010 pour ceux qui avaient plus de quinze ans d'ancienneté, et seulement 0,5 % pour les autres. Rien en augmentation individuelle. Ça ne passait pas, d'autant que tout le monde savait qu'Ikea avait fait 54 millions d'euros de bénéfices !

Tous les syndicats ont appelé à la grève et nous étions 150 à cesser le travail. La plupart n'avaient jamais connu de grève et il faut croire que le directeur non plus, car il nous a dit : « Si vous faites grève, alors vous devez sortir du magasin. » Ce que bien sûr nous n'avons pas fait. Nous sommes restés tous les jours dans le magasin, à manifester et à faire connaître aux clients les raisons de notre grève. L'ambiance était joyeuse et chaleureuse. On criait des slogans, on chantait, on dansait. La plupart des clients étaient d'accord avec nous. Ils nous disaient : « Vous avez raison, faut pas lâcher. » On a même dormi sur place (à Ikea, ce ne sont pas les lits qui manquent !), des journalistes de France 24 sont restés une nuit avec nous. Ce qui nous a bien aidés à couper court aux mensonges de la direction, qui racontait qu'on dégradait le magasin.

Au bout d'une semaine, la direction a commencé à reculer. Elle proposait 1 % collectif pour tous, et entre 1 et 2,5 % en individuel. Pour nous, ce n'était pas assez. Non seulement nous avons continué la grève, mais nous avons élargi les revendications aux conditions de travail. Nous avons réclamé du monde et du matériel en plus : des cars à fourches, des sas pneumatiques pour éviter les courants d'air, et même des distributeurs de sandwichs. Nous avons exigé que les travailleurs précaires aient au moins des CDD, au lieu de contrats intérimaires à la semaine.

Nous étions une minorité à continuer la grève, mais nous pouvions compter sur la sympathie de la majorité des travailleurs du magasin. Finalement, le mardi 9 mars, c'est la direction qui pliait. Elle s'engage à embaucher une dizaine de personnes et a dit oui à toutes les revendications concernant les conditions de travail. Les négociations salariales sont toujours en cours, mais la grève a déjà conduit la direction à revoir les « groupes niveaux » (coefs) de chacun.

Nous avons repris le travail la tête haute. La grève a changé l'ambiance dans le magasin et nous savons que, des luttes, il y en aura d'autres et que les liens de solidarité que nous avons créés compteront.

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