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- Lutte ouvrière n°2176
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Petite enfance : Quatrième journée de mobilisation
Le 8 avril, pour la quatrième fois, les pouvoirs publics restant sourds aux revendications, les professionnels de la petite enfance étaient appelés à faire grève par le collectif Pas de bébés à la consigne. Une cinquantaine de manifestations étaient organisées dans le pays.
De nombreuses mesures qui dégradent considérablement la qualité de l'accueil des jeunes enfants dans les crèches et les haltes-garderies sont en préparation.
Un décret prévoit notamment : l'obligation d'inscrire jusqu'à 20 % d'enfants de plus qu'il n'y a de berceaux ; l'augmentation de la proportion de personnel moins qualifié, ainsi que la création de « jardins d'éveil » où aucun taux d'encadrement des enfants n'est précisé.
D'autre part, la formation initiale des assistantes maternelles serait réduite de moitié et des Maisons d'assistantes maternelles - structures collectives sans aucune norme de fonctionnement - pourraient se monter.
Il y a près d'un an que, pour résister à ces menaces, le collectif Pas de bébés à la consigne s'est créé, rassemblant en particulier des syndicats de travailleuses de la petite enfance et d'enseignants, des associations de parents, des centres de formation et de recherche. Depuis, il tient chacun informé des projets et des réactions du gouvernement, rédige des argumentaires, fait le point du mouvement et établit un programme de lutte.
Le 8 avril, à Paris, des milliers de manifestants (et surtout de manifestantes) en colère se sont rendus au ministère de la Famille aux cris de « Morano, on n'est pas des robots, sors de ton ministère, les pros sont en colère » ; « Plus de berceaux et moins de pros, c'est le cadeau de Morano » ; « Les crèches ne sont pas des usines, pas de bébés à la consigne ! »
De nombreuses banderoles proclamaient :« Non à l'élevage en batterie pour les bébés ! »
Enfin, après la manifestation parisienne, plus de trois cents personnes se sont réunies à la Bourse du Travail, en colère contre Nadine Morano qui avait déclaré dans la presse et dans un courrier aux directrices de crèches que le taux d'encadrement des enfants ne serait pas dégradé, ce qui est une contre-vérité.
En réalité, le taux légal d'encadrement (un professionnel pour cinq enfants qui ne marchent pas et un pour huit enfants qui marchent) n'est déjà quasiment plus respecté ! Une directrice a calculé que dans sa crèche il ne l'est que deux heures par jour. Une autre expliquait que le taux d'encadrement réel était souvent ramené au « ratio de sécurité » permettant d'évacuer les enfants en cas d'incendie. D'autres rappelaient que ce taux d'encadrement avait été fixé en 1947, avant que la psychologie de l'enfant ne mette en lumière les besoins des tout-petits.
Pour ce qui est de la suite du mouvement, certains auraient souhaité que la grève soit reconduite au lendemain, tandis que d'autres grévistes appréhendaient des ponctions trop importantes sur les salaires. Il a été décidé de continuer à s'adresser aux parents, mais aussi aux élus. Certains maires ayant déclaré qu'ils n'appliqueront pas le décret, s'ils sont contre le décret, il faut qu'ils nous appuient !
Toutes et tous comprennent qu'il faut que le mouvement se prolonge et s'amplifie encore, une nouvelle journée de grève a été proposée le 6 mai, ainsi qu'une manifestation à caractère national avec les parents, le samedi 29 mai.
Les travailleuses de la petite enfance n'ont pas l'intention de se laisser faire !