Après la déclaration du ministre de l'Industrie, Estrosi, au Sénat le 1er avril, les médias ont souvent affirmé que le gouvernement refusait le plan de Total concernant l'arrêt du raffinage à Dunkerque. La lecture du compte-rendu de la séance du Sénat dément cette affirmation.

Tout d'abord, Estrosi y présente très favorablement les activités de substitution imaginées par la direction de Total à la Raffinerie des Flandres : un centre d'assistance technique, un centre de formation, la mutation des salariés restants dans les autres raffineries ou d'autres usines du groupe. C'est tout ce que les travailleurs de Total-Dunkerque, en grève depuis trois mois, refusent car ils ne veulent pas être obligés de changer de région ou être toujours dans les TGV ou sur les routes pour aller travailler.

Ensuite, il met en valeur la création d'un terminal méthanier prévue par EDF et auquel participerait Total. Mais ce terminal n'emploierait que 50 personnes en 2014. Ces emplois ont d'ailleurs déjà été promis à d'autres travailleurs de la région, licenciés ces derniers mois ! Enfin, Estrosi loue la promesse de Total de ne pas fermer d'autre raffinerie en France durant les cinq prochaines années. Comme si Total pouvait se sentir tenue par une quelconque promesse, alors que les actionnaires ont accumulé 100 milliards de bénéfices durant la décennie et décident pourtant d'arrêter le raffinage à Dunkerque.

Après cet appui global à Total, Estrosi lui demande pour valider son projet des solutions concrètes concernant l'avenir des 450 sous-traitants et du port de Dunkerque. Si ces mesures sont du même tonneau que celles concernant les 380 salariés de Total, elles ne seront pas favorables aux travailleurs. Tout juste au patronat des entreprises de sous-traitance et du port.

Face à Total et au gouvernement, la journée du jeudi 15 avril sera importante. En effet, les directions syndicales ont décidé d'appeler tous les travailleurs des raffineries en France à une journée de grève à l'occasion de l'ouverture d'une table ronde nationale sur le raffinage. Est-ce que cela marquera la reprise de la grève de solidarité avec Dunkerque de février, arrêtée brutalement par les directions syndicales ? Beaucoup de travailleurs l'espèrent.